
Il a fallu attendre presque 30 ans pour que je participe à mon premier enterrement de vie de jeune fille (ou EVJF). Et c’est très bien comme ça. Cette journée allait être une épreuve car j’allais être entourée de filles qui piaillent, qui gigotent, qui poussent des petits cris aigus, placée sous le signe du gaspillage et des coutumes sans aucun sens.
Aujourd’hui, en suivant les grands préceptes de Sarah Knight et de sa “Magie du J’en ai rien à foutre“, je suis bien résolue à ne plus jamais participer à ce genre d’événement, sauf si je sais à coup sûr que le programme sera en adéquation avec ma vision des choses, mes valeurs et que je m’y sentirai bien. Mais bon, à l’époque, je n’avais pas encore atteint ce niveau de sagesse…
Survivre à un EVJF quand on ne rentre pas dans la case
Je cumulais toutes les tares, j’étais sûre que cet événement hyper social allait me mettre très mal à l’aise de bout en bout…
- n’étant pas une grande fan du concept de mariage, ni d’EVJF (ni d’enterrement de vie de garçon, puisque ces deux événements suggèrent que le mariage, un acte volontaire chez nous, c’est la fin de la Vie, et le début de la vie d’adulte, barbante…),
- ayant des idées non conventionnelles sur plein de choses (l’écologie, le consumérisme, le salariat, le féminisme…),
- n’étant pas une femme qui rentre dans les cases habituelles… (pour moi c’est devenu une galère de parler avec beaucoup de femmes qui ne pensent qu’au shopping ou à leur physique par exemple, ou qui se complaisent dans la patriarchie, celles qui ne parlent que de et ne vivent que pour les mecs actuels futurs et éventuels, etc.),
- étant une freak introvertie et légèrement asociale.
Bref. Il fallait quand même que je le fasse, parce que c’était important pour mon amie. (Encore une fois, aujourd’hui, mes principes de Désencombrement du mental me disent qu’il ne “faut pas” quand on n’a pas envie, mais à ce moment-là, je n’avais pas creusé la question si loin.)
Le premier défi était de s’habiller en fonction du thème imposé pour les participantes, mais j’ai réussi à composer ma tenue pour l’occasion avec ce que j’avais dans ma garde-robe. Autrement, j’aurais fait au mieux, mais pas question d’acheter des choses pour l’occasion que je n’utiliserais plus par la suite. De toute façon, comme je me doutais, plusieurs n’ont pas joué le jeu. Heureusement, les demoiselles d’honneur avaient choisi une tenue à thème plutôt qu’imposé l’achat de vêtements en série pour l’occasion.
Il fallait apporter un objet qui remémorait un souvenir avec la future mariée, j’ai aussi réussi à faire du zéro déchet (“objet” à manger dans un bocal de récupération décoré avec un nœud de récupération) et à ne pas acheter une c******* qui pourrirait dans un carton dans le fond du garage. Le minimalisme, c’est aussi ne pas encombrer inutilement les autres.
Les loukoums sont un souvenir d’un voyage en Turquie avec la future mariée, le bocal lui resservira puisqu’elle fait ses courses en vrac, le nœud, récupéré, c’était pour la “touche girly et fun”.
EVJF et zéro déchet…
Dès le matin, le déballage de plastique et d’objets à usage unique a commencé, et toute la journée j’ai dû regarder les autres gaspiller pour se divertir, comme si c’était nécessaire. Ça m’a un peu attristée même si je n’ai rien dit.
Ça passe par les accessoires de déguisement à usage unique, les accessoires à selfie jetables, le petit déjeuner : des pains au chocolat industriels emballés individuellement (la future mariée étant vegan, elle n’en a même pas mangé…), les langues de belle-mère et les pistolets à eau qui ont certainement fini à la poubelle après leur courte vie de 2 minutes chrono. Sans parler des objets collectés pendant les gages, comme un tampon qu’”on” a ouvert pour s’amuser alors que certaines femmes n’ont pas les moyens de s’acheter des protections hygiéniques et que les centres d’accueil et refuges pour femmes en ont besoin.
Oui, je casse l’ambiance dans cet article, c’est pour ça que ce jour-là j’ai subi toute la journée sans faire de commentaires.
Et le clou, la culotte neuve qui a été brûlée sur la place de notre ville, quand on connaît le désastre écologique que représente l’industrie textile, quand on sait que certaines personnes ne peuvent pas se payer de vêtements… C’est difficile d’être la seule personne à penser à tout ça, alors que ça te peine, quand tout le monde autour de toi s’éclate sans que ça ne leur traverse l’esprit.
Alors oui, tu vas me dire, c’est juste une fois dans sa vie (ou deux, ou trois… 😂), mais c’est ça, plus les anniversaires, plus telle et telle occasion. C’est ce besoin irréfléchi de gaspiller pour s’amuser et de consommer sans penser qui me dérange…
Participer à des événements quand on a une grande sensibilité écologique
Du coup, le lendemain, je me demandais pourquoi certaines personnes ne pensent pas le moins du monde à tout ça, à l’écologie, à l’éthique, etc., alors que d’autres sont accablées par ces pensées.
Il y a eu toutes ces discussions sur les vêtements pendant cette longue journée, dont je me sentais totalement exclue. Parce que parler de t-shirts qu’on se fiche de ne porter que quelques fois parce qu’ils ne sont pas chers, ou de robes de pacotille (parfois à plus de 100 € quand même…) qu’on achète comme on achèterait une éponge, c’est difficile pour moi…
J’aurais voulu leur parler de fast fashion, de la mode jetable, des sweatshops, des femmes et des enfants qui fabriquent les robes de bal à l’autre bout du monde, de l’intérêt (aucun) d’acheter un vêtement qu’on porte une seule fois au cours de sa vie, mais je ne sentais pas les autres réceptives, je l’ai juste mise en veilleuse…
Finalement, les brûlages, ce sont des traditions, on ne sait même pas vraiment ce que ça représente, à part comme je le disais, un sous-entendu qu’on ne s’amusera plus jamais après s’être marié (ça donne envie…) et qu’on a besoin de s’éclater une dernière fois en se faisant remarquer dans la rue.
Les traditions, parfois, c’est bien de les remettre en question…
Un EVJF autrement
Bref, c’est en repensant à cet épisode traumatisant que j’ai imaginé les “EVJF autrement”, pour votre amie, sœur, cousine… qui va se marier, mais qui tient à ses convictions, pour cette personne à qui vous voulez offrir un événement spécial et en accord avec ses valeurs et ses idées, à vous qui voulez sortir du moule et mettre du sens dans cette journée.
Envie de passer outre les traditionnelles balades en rue déguisées, les gages, les tenues rose fluo ? Je vous propose une demi-journée de désencombrement de la penderie de la future mariée, dans une ambiance décalée, avec bulles et pâtisseries de qualité (et pourquoi pas une autre activité chic et éthique, ou un moment écolo-rigolo, pendant la deuxième partie de la journée ?).
Parlez-moi de vos envies, votre projet, vos idées, afin de recevoir une offre sur mesure, pour faire de ce moment un instant unique et de valeur.
J’ai la “chance” de ne jamais avoir participé à un EVJF, mais je comprends totalement ton malaise face à ce gaspillage et cette futilité… Heureusement, les mentalités sont en train de changer, bien qu’assez lentement. En tout cas, je trouve ton initiative très intéressante !
Je suis en plein dedans pour l’EVJF d’une amie et c’est l’enfer… Achat de banderoles, de ballons, de vaisselle, d’accessoires… heureusement, beaucoup de ces trucs sont en cartons (imprimés avec des feuilles tropicales) car c’était plus joli que du plastique simple… mais même pour le déguisement de la fausse robe de mariée: “et si on l’achetait?” Moi: “et si on se renseignait pour la louer?” Une autre: “mais si tu la rends sale, tu paies des frais en plus!” Alors qu’elle va la porter pendant royalement 15 minutes -__- Bref, je dois mettre mon cerveau sur off pendant une partie de ces réunions sinon je sens que je vais casser quelque chose…
Ah mince, bon courage ! Faire partie des organisatrices c’est une opportunité d’essayer de faire changer les idées… mais c’est aussi une rude épreuve =D
Le plus gros problème, c’est qu’elles ne comprennent pas que tu ne veuilles pas acheter une robe chez Primark à 5€ parce que justement, c’est pas cher, tu vois… Donc OSEF, on peut y aller.. mais pas du tooout T_T
Je suis tellement d’accord avec ce que tu dis… mais les gens ont tendance à en faire des montagnes pour tout ce qui a trait au mariage… et quand tu en organises un, ils s’étonnent parce que tu ne décores pas la mairie avec plein de fleurs, que tu n’offres pas de colliers de fleurs aux invités-hé mais on n’est pas à Tahiti!- que tu n’offres pas ces dragées dans ces petits pochons que tu n’organises pas de soirée dansante… tu sais combien ca coûte des fleurs? Rien que le bouquet de mariée, 50€ pour le moins cher, pour quelque chose qui va finir à la poubelle-après l’avoir éventuellement jeté sur tes invités, si ça c’est pas jeter de l’argent par les fenêtres… et quand on connaît l’impact écologique de cette industrie! J’ai fait un mariage tout simple, un “enterrement de jeune fille”-et de jeune garçon puisque mon futur mari était là aussi-passé à faire des jeux de société avec nos témoins qu’on hébergeait-jeux qu’on avait acheté pour l’occasion mais ça faisait longtemps qu’on envisageait d’en acheter pour quand on reçoit au lieu de regarder bêtement la tv-, suivi d’un mariage tout simple a la mairie, sans fioriture ni robe de mariée, seulement un bouquet de fleurs du jardin, suivi d’un resto où on a été très bien reçu et où on a très bien mangé-sans pièce montée au grand dam d’une amie très traditionnelle- et sans soirée dansante. Nous n’avons demandé aucun cadeaux matériels mais certains nous en ont offert, mais c’était alimentaire surtout, et tout s’est passé dans la joie et la bonne humeur, et surtout à notre image à nous et pas à celle des autres, et nous en avons été très heureux. Comme quoi il est tout à fait possible de se passer de toutes ces fioritures polluantes et coûteuses- comme si un mariage ne coûtait pas déja beaucoup et ne réclamait pas assez d’énergie comme cela pour tout organiser! J’ai même tendance à penser que toute cette énergie et cet argent, au lieu d’être utilisés pour organiser cet évènement et surtout pour les autres(pour faire plaisir aux autres parce que l’acte en lui-même reste très simple finalement)devrait l’être pour penser à sa future vie et aux projets du couple! Après on est d’accord ou pas mais cela a été mon sentiment pendant la préparation-et même pendant :).
J’en profite pour ajouter que j’aime beaucoup ton blog ainsi que les idées que tu nous fait passer et avec lesquelles je suis généralement d’accord !
Merci beaucoup pour tes commentaires =)
En effet, comme beaucoup de “traditions”, l’investissement que l’on met dans le mariage est surtout dirigé vers les autres, vers le “qu’en dira-t-on”, etc. Il faut du courage, et une prise de conscience aussi, pour décider de vivre les choses pour soi.
A bientôt !
Dommage d’avoir vécu cette expérience avec autant de retenue finalement.
Personnellement j’en ai organisé un pour une amie engagée donc je me suis amusée à concocter des choses rigolotes et utiles comme des cosmétiques comestibles 🙂
Ah c’est super ça comme idée d’atelier =D
La preuve que l’écologie peut être fun ^^