Responsabilisation du consommateur, urgence climatique, écologie à toutes les sauces… Ces derniers temps, les voyageurs dans l’âme qui veulent veiller à leur impact et à leur empreinte écologique ne savent plus sur quel pied danser.

Faut-il abandonner une passion qui nous tient à cœur au nom de son engagement pour l’environnement ? Si “le voyage le plus écolo est celui qu’on ne fait pas“, doit-on faire une croix sur les expéditions à l’étranger ? Fan de voyages depuis ma jeunesse et confrontée à ces questions, j’ai réfléchi à cette problématique pour vous proposer 7 pistes pour alléger votre empreinte écologique en voyage et éviter de participer au tourisme de masse.

J’ai également demandé à Kelly, créatrice de l’agence Life Trip, qu’elle nous raconte comment elle a réussi à concilier vacances et démarche éthique et responsable. Vous retrouverez ses astuces en plus à la fin de l’article.

Voyages vs Tourisme

Pour commencer, quelle que soit ma position sur le voyage, je ne cautionne pas le tourisme de masse (ce qui transparaîtra d’ailleurs dans mes conseils). Avant même de m’intéresser à la question de la consommation responsable et de l’écologie, je n’ai jamais compris que des gens puissent partir à l’autre bout du monde juste pour bronzer autour de la piscine de l’hôtel en all-in.

Quand je parle de voyage, je parle de découverte, d’ouverture à d’autres horizons et d’autres cultures, d’une passion. Voyager m’a permis de comprendre que ce que l’on connaît dans son propre pays n’est pas universel et d’ouvrir mon esprit sur beaucoup de questions sociétales, culturelles, politiques, voire même de gestion des déchets récemment (comme je le confiais sur Instagram lors de mes dernières vacances).

On peut voyager en conscience et diminuer son impact, on ne peut pas en dire autant quand on fait le touriste.

Mes 7 conseils pour voyager + écolo et responsable

Choisir la période

Quand c’est possible, partez hors des saisons touristiques. Les populations des régions très touristiques connaissent de longs mois sans rentrées financières et se battent ensuite pour décrocher un boulot quand la demande est forte. En visitant ces pays à un autre moment, vous leur permettez de gagner de l’argent sans dépendre du tourisme de masse.

De votre côté, vous bénéficiez de températures plus agréables (honnêtement, en juillet-août, il faut beaucoup trop chaud presque partout où le tourisme-vacances est développé). Vous diminuez ainsi votre consommation d’air-conditionné.

Vous évitez de participer à l’engorgement des routes et autres transports pendant la saison haute.

Finalement, sur un plan purement personnel, vous paierez probablement moins cher vos vacances et vous ferez moins la file !

Se questionner sur les moyens de transport

L’avion est devenu le grand méchant moyen de transport à abattre, pourtant il s’avère parfois irremplaçable. A condition de ne pas enchaîner les vols pour des city trip, relax ! Le maître-mot concernant les voyages en avion, c’est “rentabiliser” son séjour. En gros, privilégiez un beau voyage et un séjour qui “justifie” ce moyen de transport, évitez à tout prix de partir plusieurs fois par an pour un weekend avec une compagnie low cost.

Envisagez ensuite les alternatives : est-il possible de faire le trajet autrement, en train, en voiture, en covoiturage ? Ce n’est pas toujours le cas, il ne faut pas se mentir. Je suis bien consciente que le train, tellement encensé par la presse pro-écologie-et-sobriété, coûte très très cher.

Cette année cependant, j’ai réfléchi à ce que je pouvais faire, et j’ai testé le voyage en voiture. Nous avons visité plusieurs pays et pris des personnes en covoiturage sur le trajet. C’est un mode de transport qui a des inconvénients (les carburants polluent, ne l’oublions pas) mais aussi des avantages, comme la mutualisation. Grâce au covoiturage, notre trajet ne nous a pas coûté plus cher qu’un vol classique vers la destination finale de notre voyage. Faites le calcul (en prenant en compte le carburant et les péages ou vignettes, en déduisant éventuellement vos covoiturages ou en partant à 4 pour diviser les frais), si vous comparez à un billet d’avion non low-cost, vous pourriez être surpris !

Alléger ses bagages

A l’exception des voyages à pied, à vélo ou en train, tous les moyens de transport consomment plus s’ils sont plus chargés. Si vous partez en avion, vous pouvez faire votre part en réduisant le poids de vos bagages. Depuis que j’ai pas mal désencombré et simplifié ma vie, je suis partie plusieurs fois avec uniquement un bagage cabine.

N’emportez pas de “au cas où”, prévoyez de laver vos vêtements sur place à la moitié du séjour, échangez vos articles encombrants et lourds pour d’autres plus fins et légers, mutualisez avec vos compagnons de voyage, simplifiez et ne prenez que le nécessaire.

Sélectionner sa destination

Partir en Egypte ou au Mexique juste pour pouvoir faire la crêpe et se la péter sur les réseaux sociaux (éteignez-moi ce téléphone d’ailleurs !), ou prendre un avion pour la dernière destination à la mode ? Choisissez plutôt un endroit qui répond à vos envies personnelles, où les températures ne seront pas étouffantes, et qui est peut-être accessible autrement qu’en avion ! Pour bronzer, autant aller à Paris plage ou descendre dans le Sud de la France ou le nord de l’Espagne, pas besoin de Cancún ou Huagada… Hurada… Hurghada !

Voyagez pour découvrir de nouveaux horizons, pas pour tester le confort des transats à 5 000 kilomètres de chez vous !

Être écolo même en vacances

Ne perdez pas vos bonnes habitudes une fois à l’étranger : essayez de réduire vos déchets, boudez les activités polluantes, réfléchissez à l’impact de vos gestes.

De manière générale, éloignez vous de la plupart des activités pour touristes et des boutiques de souvenir.

Faites vivre l’artisanat, au prix juste, privilégiez les expériences avec les locaux (AirBnB en propose un catalogue sur son site, mais restez critique pour sélectionner les expériences vraiment authentiques), allez dîner dans des restaurants éloignés des zones d’affluence touristique, achetez des produits locaux…

Dès l’avion (si vous avez opté pour lui), refusez tous les “goodies” à usage unique emballés : emportez vos écouteurs, votre plaid, votre coussin, un gobelet réutilisable, peut-être même votre propre lunch box si c’est possible.

Se loger différemment

Avec 14 expériences à mon actif, je suis une grande fan de AirBnB. Je sélectionne des annonces postées par des particuliers qui louent leur logement ou une chambre chez eux, pour faire vivre les locaux. En effet, attention aux sociétés qui utilisent le site… et font grimper le marché de l’immobilier dans la région aux dépens des habitants !

Il existe d’autres solutions qui vous permettent d’éviter les chaînes d’hôtels qui produisent des déchets et consomment sans égard pour l’environnement : Bed&Breakfast, expériences insolites en tiny house, camping (en chalet ou en tente), camping car et vans, auberges de jeunesse, projets orientés écologie et communauté, couch surfing, wwoofing… Autant d’expériences différentes, plus locales et moins chères !

Et si c’était plus cher ?

Face au low-cost qui s’installe partout, dans tous les domaines, la question que je vous propose de vous poser en tout temps, c’est : “Si c’était plus cher, est-ce que je le ferais ?“. Cette question vous permet de faire le tri entre vos vraies envies et celles créées par les petits prix, les offres alléchantes et les promotions.

Ici, demandez-vous : “Si ce voyage coûtait plus cher (le “prix juste” finalement), est-ce que j’aurais envie de le faire quand même ?”. Préférez investir dans un voyage qui va vous marquer et avoir une signification pour vous, faites une croix sur les dépenses “parasites” des voyages low-cost et autres promotions de masse.

Vous surveillez votre budget et avez l’impression de ne pas avoir les moyens de voyager plus raisonnablement et éthiquement ? Réfléchissez à tout ce que vous coûte un voyage “low-cost”, et faites l’addition de tous les petits voyages au cours d’une année.

Vous êtes gagnant en partant une fois pour un beau voyage, puis en alternant staycation (vacances chez soi ou pas loin) et vacances courtes distances certaines années, plutôt qu’en cumulant les escapades “pas chères”.


Les inspirations vacances slow et responsables :


Conseils d’experte : Kelly, créatrice de Life Trip, agence de voyage éthique et responsable

Comment as-tu pensé à créer ton agence de voyage, Life Trip, axée sur les vacances éthiques ?

Lors d’un séjour à Cuba, je fais la rencontre d’un Cubain qui m’explique ses conditions de vie, qui me décrit son appartement, son combat de tous les jours pour vivre décemment… Je suis perplexe. Dans un pays aussi prisé par les touristes, les habitants sont délaissés et doivent vivre avec pas grand-chose.

Je décide de changer radicalement de vie et de travailler pour changer les choses. Mais pas tout de suite. D’abord, je me documente, je m’informe, je me renseigne sur le terrain… Je veux comprendre pourquoi les populations des pays que je visite ne profitent pas correctement (voire pas du tout) de l’économie du tourisme. Je veux également savoir comment changer les choses. Je suis persuadée qu’il y a un moyen de voyager un peu partout en rendant le monde plus juste.

C’est au terme de ces recherches que je démissionne de mon poste d’institutrice primaire et que je fonde Life trip. Je me lance alors dans la création de voyages équitables et responsables en travaillant avec des experts locaux qui connaissent et qui aiment leur pays.

En tant qu’amoureuse du Monde, il n’y a pas que la condition humaine qui me tient à cœur. La protection de l’environnement et le bien-être animal font également partie de mes préoccupations quotidiennes.

En tant que passionnée et professionnelle du voyage conscient et responsable, quelles astuces pourrais-tu donner à quelqu’un qui veut voyager en restant en accord avec ses valeurs ?

Ce à quoi je fais personnellement attention :

Les activités

Je proscris totalement les activités qui utilisent les animaux sauvages. A partir du moment où l’homme peut toucher l’animal, cela peut être dangereux pour lui (transmission de maladies…). De plus, c’est inévitablement le résultat de mauvais traitements pour qu’il se laisse approcher. Il faut qu’il soit brisé, battu (c’est le cas de l’éléphant sur lequel on peut se balader), drogué (non, le pauvre tigre qui se laisse prendre en photo avec les touristes n’est pas simplement « affectueux ») ou encore conditionné (le dauphin qui fait son spectacle ne le fait pas naturellement).

A la place, je fais appel aux organismes qui permettent l’observation de la faune en milieu naturel et qui souhaitent sensibiliser les gens à la protection des espèces animales et végétales qu’ils rencontrent. Ce type d’activités procurent d’ailleurs bien plus d’émotions que de regarder des animaux en captivité.

Les déchets

Et oui, en voyage aussi, j’essaie de réduire mes déchets.

Lorsque l’on est dans un pays où l’eau de ville n’est pas potable, nous sommes contraints d’acheter des bouteilles en plastique. Pour éviter cela, j’ai opté pour la gourde filtrante. Elle coûte un peu plus cher qu’une gourde normale mais l’achat est très vite rentabilisé.

Les savons à usage unique des hôtels ou des chambres d’hôtes peuvent également être économisés. D’ailleurs, en voyage, je ne me promène plus qu’avec mon savon de Marseille multi usages (corps, cheveux et linge !) En plus, c’est un savon totalement naturel, qui peut être utilisé dans les endroits où les eaux grises sont moins bien traitées (voire pas du tout).

Pour ne pas utiliser les couverts jetables en avion, dans les petits restaurants ou autres, je prends toujours mes couverts réutilisables avec moi. Ils ne prennent pas beaucoup de place mais sont très utiles.

La consommation

Je mange local, je vis local et je respire local ! Plus sérieusement, j’évite autant que possible les produits importés. Je demande souvent conseil aux habitants qui sont ravis de faire découvrir et de mettre en avant leurs spécialités culinaires.

En ce qui concerne les objets « souvenir », je les déniche dans des marchés ou dans les boutiques d’artisans locaux. Je fais également attention à ne ramasser ni sable, ni coquillage sur les plages ! Oui, c’est tentant d’avoir une collection de beaux coquillages mais les plages sont des écosystèmes fragiles qu’il faut préserver.

Les logements

Il existe des hôtels « eco-friendly ». C’est à dire, des hôtels qui ont mis en place des mesures pour réduire leur impact sur l’environnement. En général, ce sont de petites structures, des maisons d’hôtes ou des hôtels de charme. Il y a également les éco-hébergements (éco-lodges ou éco-camps) qui répondent à des critères bien précis d’un label environnemental… Bref, il existe plusieurs solutions pour se loger de manière plus responsable !

Si j’avais un conseil à donner pour voyager de manière responsable : prenez le temps de rencontrer l’autre, de discuter avec lui et de découvrir sa culture. Sincèrement.

Merci à Kelly pour ses conseils additionnels, vous pouvez faire appel à elle pour un voyage éthique et responsable sur-mesure !

Lire ensuite : Vivre en Tiny House en couple, l’expérience de Marie

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