
“Aujourd’hui, les consommateurs trouvent presque normal de pouvoir acheter des tee-shirts à huit euros, des pantalons à vingt euros ou des blousons à trente euros. Mais quelles sont les conséquences, à l’autre bout de la planète où ces vêtements sont produits, de prix à ce point réduits ?“
Cet article est basé sur un reportage de l’émission Tout compte fait qui peut être visualisé ci-dessous.
Une surconsommation aux lourdes conséquences
Aujourd’hui les Français achètent chaque année 700 000 tonnes de vêtements. La consommation de vêtements a augmenté de 60% alors qu’on jette ces mêmes vêtements 2x plus vite qu’auparavant. Chaque Français achète en moyenne 8 kg de vêtements par an.
Loin de nos regards, un désastre écologique et humain se déroule : pesticides utilisés en masse, colorants toxiques, rivières polluées, cancers, maladies chroniques, en particulier en Inde.
“Les vêtements sont tachés du sang de nos enfants”
Des personnes qui touchent le SMIC ou sont sans emploi achètent dans ces boutiques avec l’impression de pouvoir faire du shopping sans creuser leur budget, mais les petits prix incitent à acheter des choses dont on n’a pas besoin et de faire des achats multiples, ce qui est finalement un mauvais calcul pour tout le monde.
Sur certains vêtements proposés en magasin, on a retrouvé des traces de pesticides, du Glyphosate. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est parce qu’il est au cœur d’une grosse polémique depuis quelques années pour sa toxicité.
Le coton est une matière d’origine naturelle, mais c’est aussi l’un des tissus les moins chers du marché. Souvent produit dans des conditions catastrophiques pour la santé et l’environnement en Inde, le coton est surtout un énorme consommateur d’eau. Ainsi, 22 000 litres d’eau sont nécessaires pour produit 1 kg de coton. En 15 ans, la production de coton a été multipliée par plus de 3.
Les conséquences catastrophiques de la culture de coton en Inde
Au Penjab, un cultivateur de coton asperge un champ sans aucune protection, avec son fils de 7 ans à côté de lui. Le pesticide utilisé est interdit en France tant il est toxique. Le matériel de protection coûte trop cher, et la paie ne permet pas d’investir dans ce genre de protections. Le producteur est conscient des dangers des produits qu’il utilise, mais il n’a pas d’autre solution pour gagner (faiblement) sa vie, et on ne lui donne pas les moyens d’améliorer ses méthodes.
Plusieurs membres de la famille, dont son fils de 7 ans, récoltent le coton. Le coton ainsi produit sera vendu à un prix ridicule pour les grandes marques de fast fashion occidentales. Le producteur gagnera environ 60€ par mois, pour faire vivre toute sa famille, de ses parents à ses enfants. Son fils est touché par une grave maladie du foie, occasionnée par le contact avec les pesticides, ce qui entame lourdement le budget du producteur.
Aujourd’hui conscient que son fils va mourir dans un futur proche à cause de cette maladie, il est incapable de payer l’opération de transplantation qui pourrait le sauver. Sa petite sœur commence à développer les mêmes symptômes. Toutes les familles avoisinant les champs sont touchées. Ils sont condamnés à travailler, sachant qu’ils sont en train de mourir, et pour une paie de misère qui ne permettra même pas de subvenir aux besoins de la famille.
Le gouvernement ne fait rien pour changer la situation. Les affaires avec les entreprises de fast-fashion qui leur achète du coton sont florissantes après tout.
Un peu plus loin, une usine travaille à la teinture du coton, avec des colorants et fixateurs à base de métaux lourds (toxiques pour la santé). Chaque jour, 100 000 litres d’eau usée et non filtrée, contenant des produits chimiques dangereux, sont déversés dans les cours d’eaux par cette seule usine. Les filtres censés purifier l’eau en cours de route sont totalement inutiles car obsolètes. Cette eau irrigue les cultures et est bue par la population.
20% de la pollution mondiale de l’eau est liée à l’industrie du textile.
En Inde, les cas d’autisme ont grimpé en flèche. Les enfants chez qui l’on diagnostique l’autisme présentent une grande concentration de métaux lourds dans l’organisme. Dans le même temps, le nombre de cas de cancers a augmenté de manière anormale à cause des pesticides utilisés.
Quelles matières privilégier ?
En complément de ces informations, voici quelques matières textiles à privilégier pour éviter l’exploitation humaine et les graves conséquences environnementales :
- le coton biologique : certifié GOTS, il nécessite moitié moins d’eau que le coton classique et des engrais naturels uniquement, sans pesticides toxiques.
- le bambou : une culture plus écologique car elle nécessite beaucoup moins d’eau. Attention toutefois à choisir un textile certifié car il existe des procédés moins écologiques que d’autres concernant le bambou, et sa culture intensive (pour répondre aux tendances actuelles) ont des conséquences sur l’environnement dans les pays où il est cultivé. Il faut également considérer l’effet rebond : le bambou est la nouvelle matière “écologique et durable” à la mode, de sorte que sa culture intensive ne fait que s’accroître…
- le lin : une culture zéro déchet qui ne nécessite pas d’irrigation ni de pesticides; de plus le lin est fabriqué en Europe de l’Ouest.
- le chanvre : une plante écologique qui a des bienfaits pour l’environnement et ne nécessite pas de pesticides ni d’irrigation, cultivée en Europe de l’Ouest.
- le lyocell ou Tencel (aussi Modal ou Cupro) : une fibre cellulosique et biodégradable fabriquée de manière non toxique. Ces matières sont fabriquées en cycle fermé, c’est à dire que rien ne se perd dans le processus de fabrication. La consommation d’eau est 20x inférieure à celle du coton. De plus la matière finale est très agréable à porter et de grande qualité. On en dit plus sur cette fibre dans le reportage.
- les fibres créées à partir de matières recyclées (comme le plastique ou la laine), mais en gardant son esprit critique : le recyclage consomme des ressources énergétiques, ce n’est pas une solution miracle.
Le meilleur comportement pour la santé et l’environnement, et pour son propre budget, c’est avant tout de consommer moins, de manière raisonnée, et de privilégier le marché de seconde main.
Pour aller plus loin :
- “Over-dressed” : le prix choquant des vêtements à petit prix (article/livre)
- Le reportage “The True Cost” disponible sur Netflix
j'ai trop aimé ce blog, bon courage
Merci pour cet éclairage! La fast fashion est un monde de dingue, avant il y avait que 2 collections par an, aujourd’hui cest une par semaine. Le monde est fou