
Dans ma démarche de simplicité volontaire et d’autonomie, la nourriture est le domaine que je trouve le plus compliqué à dompter. Depuis quelques mois maintenant, j’ai la chance d’avoir mon jardin potager et de pouvoir me lancer dans la culture de mes fruits et légumes ! Le déménagement dans une maison avec jardin m’a également permis de commencer un “vrai” compost (bien qu’il existe des composts pour appartements ou balcons, c’était vraiment compliqué à mettre en place dans mon précédent logement).
Le jardinage sauvage… le bon plan pour les paresseux
Pour moi, la simplicité, c’est aussi et surtout se simplifier la vie, lâcher prise, éviter les complications… Même si je mets la main à la terre, il faut que le jardinage reste facile. Dans cette optique, j’ai décidé de tester le potager sauvage, naturel.
La nature n’a pas attendu que l’humain lui donne un coup de pouce pour savoir comme fonctionne la reproduction des végétaux ! Les bois sont des environnements qui s’auto-gèrent. Alors pourquoi on devrait passer son temps à réaliser des lignes, à suivre des règles… pour cultiver ses légumes ?
Bien sûr, cela demande d’accepter que les cultures ne soient pas sur-optimisées. Mais si à la base le jardinage, ce n’est pas ton truc, combien de temps tu tiendrais de toute façon à essayer de suivre tous les conseils des pro ?
Lire aussi : Le potager bio des paresseux

Le compost de jardin sans prise de tête
Lorsque j’ai acquis mon compost, j’ai participé à une formation gratuite donnée par Michel Delire par l’intermédiaire d’Hygea, et ça a été le coup de cœur : ses conseils étaient en parfaite adéquation avec ma vision du jardinage. Aussi, les informations concernant le compostage étaient complètes et claires, c’est pourquoi j’ai eu envie de les partager avec vous.
C’est quoi, le compost ?
Beaucoup de personnes font l’erreur de penser que le compost est de l’engrais pour les plantes. FAUX. En fait, le compost sert à nourrir la terre ! Les terres s’appauvrissent pour différentes raisons (pesticides et autres produits nocifs entre autres…). Si la terre de votre jardin est dure, peu aérée (l’eau stagne en surface quand il pleut), que les cailloux restent en surface, c’est tout simplement que les vers de terre et leurs potes ne viennent pas assez le visiter !
Pour remédier à cela, on va étaler du compost en surface pour attirer les vers et autres, qui vont aérer la terre grâce à leurs galeries, permettant à celle-ci de mieux absorber l’eau (et puis, les plantes, elles ont besoin d’oxygène aussi, même au niveau des racines !). On étale le compost quand il n’y a pas de cultures en cours, généralement quand on a enlevé les derniers plants de la terre et que le jardin est voué à rester inactif pendant quelques mois. Le compost va permettre de garder la terre un peu plus chaude et humide, et de continuer à faire vivre la faune qui s’y trouve.

Bien alimenter son compost de jardin
Il existe plusieurs types de composts : ils diffèrent sur leurs formes, matières, fonctionnement, mais aussi contenu accepté. Au final, il s’agit surtout de choix personnels, et la règle universelle n’existe pas : il s’agit de matière “vivante”, et d’un endroit à l’autre, d’une année à l’autre… le compost va travailler différemment.
Cependant, il existe des principes qui permettent d’obtenir un compost plus facilement, de meilleure qualité, sans pour autant se prendre le chou !
L’un des avantages du compost, c’est bien sûr de réduire la masse de déchets qui se retrouvent dans notre poubelle ménagère. On estime qu’environ 50% du volume d’un sac poubelle (30 à 35% du volume) peut être composté, ce qui représente en Belgique 300 kg de déchets par an par ménage ! Pour pouvoir mettre des choses dans son compost cependant, il faut qu’il y ait de la place, et donc qu’il “travaille” bien, d’où ces conseils (promis, sans prise de tête !).
Équilibre air et humidité
Le compost a besoin d’humidité et d’oxygène. Pour assurer un apport suffisant en eau, on peut arroser régulièrement l’intérieur du compost de manière uniforme (une fois par mois).
L’oxygène doit circuler, c’est pourquoi les matières structurantes sont importantes : carton ondulé (non blanchi, non coloré), rouleaux d’essuie-tout ou de PQ, branchages, cartons à œufs… peuvent se composter. C’est même conseillé. Ces matières permettent aux aliments compostés de ne pas totalement s’écraser, et ainsi de faire circuler de l’air entre eux. De plus, les vers sont friands des cartons ondulés où ils déposent leurs œufs. Et les vers, c’est essentiel, alors on les chouchoute ! Si le compost sent mauvais, cela signifie probablement qu’il manque d’oxygène. Un compost sain n’émet pas d’odeurs dérangeantes !
Dans un compost en fût comme celui que j’ai acheté, on trouve de 4 à 6 kilos de vers, venus là de leur plein gré pour décomposer nos déchets ! 3 kilos de vers permettent de digérer 1,5 kg de déchet… soit 1 tonne par an par fût !
Pour assurer une bonne aération, on adopte également l’aérateur de compost : une fois tous les deux mois (ou plus quand le composteur est bien actif), on le plonge dans le fût, on tourne et ou lève. Cela permet également de mélanger le compost plus récent avec celui qui est presque fait.
Enfin, le compost a besoin de chaleur (c’est pourquoi il tournera au ralenti en hiver), idéalement il profitera de 2 à 3 heures d’ensoleillement par jour.

Compost : l’équilibre déchets verts – déchets bruns
C’est le seul point un peu “”contraignant”” mais il permet d’avoir un compost qui fonctionne bien. L’idéal est de composter en couches plus ou moins égales et en alternance les déchets dits “verts” et ceux dits “bruns”.
Les déchets “verts” apportent de l’azote. Pour retenir facilement, ce sont souvent des déchets de couleur verte (mais pas toujours), mous, humides :
- épluchures et déchets de fruits et légumes crus
- marc de café et thé (sans agrafes et seulement en sachet en papier non blanchi ou en vrac)
- excréments d’animaux herbivores
- tontes de pelouses
- feuilles vertes
- engrais verts et activateurs naturels (orties, consoude, trèfles…) : pas besoin d’activateurs du commerce, plantez de la consoude dans votre jardin ou récoltez des trèfles et orties dans la nature !
- algues
- fougères
- mousses
- plumes, poils et cheveux
Et les agrumes ? Gros débat sur les épluchures d’agrumes dans les composts. En cause, l’acidité qui ferait fuir les vers. Tout est question de dosage : un compost qui comporte trop de pelures de citrons, oranges, pamplemousses… risque de faire fuir les vers, effectivement. Mais encore une fois, dans la nature, personne ne fait le tri, pas de panique donc si on y jette quelques agrumes. Cependant, notez que les peaux des agrumes retiennent énormément de pesticides : on évitera quand même de jeter des citrons ou oranges non bio pour cette raison…
Les déchets “bruns” sont généralement durs et secs. Ils apportent du carbone. On retrouve dans cette catégorie :
- feuilles mortes
- paille et foin
- carton, essuie-tout, vrai journal, boîtes à oeufs
- copeaux de bois
- branches et racines
- coquilles d’œufs, coques de fruits de mer
N’hésitez pas à récolter les feuilles mortes pour les utiliser en été si vous craignez de manquer de matières carbonées.
De manière générale, comme souvent, la diversité est bonne pour le fonctionnement du compost (évitez de faire un compost uniquement rempli de tontes par exemple).
Qu’est-ce qu’on ne met pas dans un compost de jardin ?
Certains aliments et matières doivent être limités :
- la viande et les restes de repas (déchets cuits) peuvent être compostés en petites quantités, et bien enfuis dans la masse pour éviter d’attirer les rongeurs (certains composts/techniques conviennent mieux au compostage d’aliments carnés, y compris os et arêtes, mais vu la quantité très faible de viande que je mange je ne m’y suis pas penchée*),
- le pain doit être trempé 1 à 2 heurs dans l’eau pour éviter de développer de la pénicilline, qui tuerait les bonnes bactéries qui travaillent au compostage,
- les produits laitiers en petites quantités seulement et bien enterrés, entre autres car ils sont acides,
- les plantes malades doivent être séchées avant d’être compostées pour éviter de répandre la maladie sur la terre, et d’infecter les futures plantes,
- les huiles et graisses en petites quantités seulement,
- la litière biodégradable d’animaux carnivores peut être compostée, il s’agit également d’un débat où personne n’est d’accord… j’y mets la litière biodégradable de mon chat en essayant de bien équilibrer, parfois je l’étends directement sur mon jardin (en hiver surtout, ça fait un bon isolant thermique et la terre reste bien humide et meuble dessous… et ça évite les mauvaises herbes !) La litière d’un seul chat ne pose pas problème pour un grand compost, mais si vous hésitez, vous pouvez toujours enlever les excréments. C’est un énorme gain de place dans la poubelle, ce n’est pas négligeable…
- les cendres en très petites quantités,
- les résineux ne doivent pas représenter plus de 15% du volume total.
Ces éléments sont à proscrire :
- le gros bois (bûches), qui prendrait trop de temps à se décomposer,
- les matières synthétiques (on ne vide pas le sac de l’aspirateur dans le compost par exemple…),
- le métal, le verre, le plastique…,
- la terre et le sable,
- les cendres de charbon.
(*) dans le livre “Zéro déchet” (lien affilié*), Bea Johnson dresse un tableau intéressant des techniques de compostage qui existent
Éviter les rongeurs et autres désagréments
Un compost, ça vit ! Il faut donc accepter de cohabiter avec les insectes, invertébrés et autres petits animaux qui vont venir se régaler de ce festin en décomposition. Cependant, lorsqu’on habite en ville, il est préférable d’éviter d’attirer des rongeurs ou autres chapardeurs.
Pour cela, on pose le fût composteur sur des dalles, espacées d’environ 1 doigt (cela permet aussi de ne pas laisser le fût se tasser dans la terre, et d’être aéré par le dessous) sur un grillage (carrés d’environ 1 cm).
Si vous mangez beaucoup de fruits et que les mouches sont trop nombreuses à votre goût autour du compost, pensez à enterrer les déchets sucrés dans la matière en cours de compostage, ou éventuellement de les emballer dans un matériau qui peut être composté.
Et voilà, le tour est joué ! Quel plaisir d’alléger ses poubelles et de voir le résultat du compostage, qui permettra à son tour de nourrir la terre pour refaire pousser des fruits et légumes, dont les déchets seront compostés…