Réapprendre à étudier quand on est adulte

Dernière mise à jour le 26 juin 2025

En 2016, je décidais de retourner à l’école. J’avais un peu moins de 30 ans, un boulot en CDI à temps plein, mais aussi une frustration que je traînais depuis le début de ma carrière, en 2009. Aujourd’hui, après en avoir terminé, je tire un bilan de l’expérience du retour aux études en tant qu’adulte : ce que ça m’a apporté, les obstacles rencontrés, et les conseils que je peux en tirer.

La reprise des études en étant adulte

J’ai bossé pendant 10 ans en tant qu’assistante administrative dans différents domaines. J’ai travaillé sans interruption, sans être un seul jour au chômage. Je me suis même payé le luxe de démissionner de mon premier boulot car je m’étais fait embaucher ailleurs, et de réitérer trois ans plus tard. Certains diraient que j’ai eu un parcours très enviable. Pourtant, moi, j’étais malheureuse. Je m’ennuyais mortellement.

J’ai vite compris que je n’aurais pas de sitôt la possibilité d’évoluer vers un poste plus épanouissant pour moi, en partant d’un travail purement administratif. Et je n’avais pas la patience de prendre sur moi.

La chance que m’a donné mon dernier travail salarié dans l’administratif, c’est que pour la première fois, je travaillais pas très loin de chez moi. C’était donc l’opportunité de reprendre des études en cours du soir et weekend (" enseignement de promotion sociale " ou " en horaire décalé " ou " pour adultes " en Belgique) plus facilement.

J’ai donc entamé des études supérieures dans un domaine totalement différent de ma formation initiale.

Je me suis lancée dans le challenge de l’informatique alors que je ne venais absolument pas d’une filière scientifique ou mathématique. J’étais même plutôt cataloguée comme une littéraire.

Ratures et échecs à l'école

Cours du soir et travail à temps plein

J’ai commencé à suivre mes cours en horaire décalé en plus de mon boulot à temps plein. J’ai tenu ce rythme pendant 2 ans. Plutôt, j’ai survécu à ce rythme pendant deux ans.

Retourner à l’école presque autant d’années après avoir terminé ses études, ce n’est pas facile. Reprendre l’habitude d’écouter un·e prof pendant 3 ou 4 heures, bosser chez soi, étudier… c’est un automatisme qu’on perd vite !

C’est encore pire quand tu viens de passer plus de 8 heures au travail, à faire des trucs qui t’ennuient, et que tu dois te traîner jusqu’à l’école, il faut être hyper courageux·se. Je l’ai fait pendant 2 ans, en ne manquant quasiment jamais les cours. J’avais cours 4 soirées par semaine en plus du samedi, et ça m’a bien rincée.

De plus, j’ai découvert que l’informatique était un domaine qui demandait un investissement énorme, beaucoup de pratique (or, je n’avais quasiment plus de temps libre entre le travail et les cours), une façon de penser différente…

La troisième année, j’ai commencé à beaucoup douter. Le rythme m’avait épuisée.

En première année, j’avais raté un cours, pour la première fois de ma vie, et j’ai eu du mal à accepter cet échec.

J’ai réalisé que je me mettais une pression de malade car je voulais changer de boulot le plus vite possible. Du coup, je ne profitais pas de mes études, je voulais finir le plus rapidement possible, et chaque obstacle dans ma formation m’étais quasiment insupportable. Je me braquais face à chaque problème.

J’ai failli abandonner mes études, purement et simplement, après trois années teintées de sacrifices, de peines et d’efforts.

C’est à ce moment-là que j’ai demandé de passer à mi-temps au boulot.

Reprendre les études sans pression

Je pensais que le mi-temps allait m’aider à tenir et à étudier plus efficacement. Après 6 mois à mi-temps, et réalisant que cet allègement d’heures ne me soulageait absolument pas, j’ai carrément plaqué mon boulot. Ce qui m’a permis de faire le point sur beaucoup de choses, de me réécouter, de réfléchir. J’ai commencé ma quatrième année de cours plus sereine. (Heureusement, j’ai pu bénéficier d’un étalement des cours, c’est pourquoi mon bachelier de 3 ans aura duré 5 ans au final.)

J’ai accepté que mon parcours ne soit pas exemplaire, j’ai fait le deuil de ma scolarité parfaite.

J’avais perdu de vue quelque chose d’important : je n’étais pas en train de faire une course, ni de concourir pour le prix du premier de classe. J’avais pris un virage à 360°, pour étudier un domaine que je n’avais que timidement touché jusqu’alors. J’avais fait des journées de 12 heures, des semaines de 6 jours. Je n’ai jamais baissé les bras malgré les périodes de découragement. J’ai enfin réalisé que je pouvais être fière de moi pour ça.

Si je me mettais autant la pression, c’est parce que, d’une part, j’abordais cette reconversion comme j’avais abordé mes études à 18 ans, alors que mon quotidien n’avait plus rien de comparable, et d’autre part, parce que mon travail m’épuisait tellement mentalement que j’étais pressée d’en finir coûte que coûte.

J’ai accepté mes échecs et mes difficultés. J’ai accepté de faire les choses à mon rythme. L’important, c’était aussi de profiter de la formation, d’apprendre (j’adore apprendre, si seulement je pouvais être payée pour apprendre des trucs et suivre des études…), de changer d’horizon, de me stimuler intellectuellement, de célébrer chaque réussite.

En parallèle de mes cours, et puisque j’étais libre en journée, sans emploi, j’ai suivi une formation en cours du jour, sur un peu moins de quatre mois, pour bénéficier de cours plus concrets (ce qui manquait à mon parcours en cours du soir jusque-là), me faire une idée rapidement, et je l’espérais, obtenir une première expérience dans l’informatique qui ne pourrait que m’être bénéfique pour les cours du soir.

Cette formation en journée m’a fait beaucoup de bien car je me suis rendu compte du chemin parcouru grâce à mon Bachelier, même s’il était loin d’être terminé : pour la première fois, au lieu de me focaliser sur tout ce que je ne maîtrisais pas, j’ai réalisé tout ce que je connaissais déjà. L’ambiance de la formation et l’entente avec les autres participant·es et les formateur·rices ont aussi beaucoup joué, on apprenait de manière plus concrète, en dehors du cadre scolaire, avec un objectif à court terme.

Le résultat : avant la fin de cette formation et alors que je n’ai toujours pas mon diplôme, j’ai été embauchée comme développeuse dans une entreprise où je me sentais vraiment bien et je prenais à nouveau mon pied au boulot !

Finalement, alors que je pensais que ma seule issue était l’entrepreneuriat, avec son lot de déconvenues et de difficultés, j’ai trouvé ma place dans le salariat grâce à cette réorientation de carrière.

Reprendre des études quand on est adulte et qu’on travaille

Quelques informations pratiques et conseils…

En Belgique, la reprise d’études en horaire décalé offre généralement la possibilité de demander à son employeur actuels des congés éducation. Leur nombre peut varier grandement en fonction de votre commission paritaire, mais aussi des avantages propres à votre entreprise. Demandez des infos à vos RH dès que vous envisagez de reprendre des études. Pour ne pas perdre son droit, il faut avoir été absent·e moins de 10% du temps aux cours (absences non justifiées par un certificat médical ou une attestation de l’employeur). Lorsqu’on perd son droit pour cause d’absences trop nombreuses, on n’a plus droit à ces congés supplémentaires pendant une année scolaire complète !

Aux cours du soir, on se retrouve avec des gens de tous les âges et de tous les horizons. J’ai suivi des cours avec trois promotions différentes, et je peux dire que chaque groupe d’élèves était très différent. L’ambiance de cours, les âges, les personnalités variaient beaucoup. Les professeurs également sont très différents. Souvent, ce sont des gens qui travaillent dans le domaine qui donnent cours, parfois ce sont des profs qui ont enseigné directement, parfois encore ce sont des personnes qui ont arrêté leur carrière pour donner cours. Il faut être prêt·e à s’adapter aux personnes que l’on va rencontrer. Les écarts peuvent être beaucoup plus marqués que dans l’enseignement " classique ". Mais tout le monde y a sa place, à condition d’être prêt·e à bosser.

N’hésitez pas à profiter de l’étalement des cours si c’est possible (en Belgique, ça l’est). Gérer deux temps pleins (boulot et études), ce n’est pas facile ! A vouloir trop en faire trop vite, vous risquez de décrocher, de vous mettre la pression, de vous décourager… Mieux vaut parfois prendre une année supplémentaire, ne serait-ce que pour l’équilibre avec sa vie privée.

Enfin, si votre boulot actuel vous mine complètement, et que vous pouvez trouver une solution pour le quitter, faites-le ! Si votre santé mentale en pâtit, parlez-en à votre médecin. Il n’y a aucune gloire à continuer de prester un travail qui vous démoli mentalement (ni physiquement d’ailleurs). Le meilleur conseil que je peux donner, c’est de viser une situation où vous avez assez d’argent de côté pour pouvoir alléger votre horaire de travail, ou arrêter de travailler. De cette manière, vous avez toujours une sortie de secours dont vous seul·e êtes responsable !


Si vous avez des questions précises sur le sujet, posez-les en commentaire pour que je puisse compléter l’article d’informations utiles.


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