
Dernière mise à jour le 23 juin 2025
J’ai mis 30 ans à enfin faire ma connaissance. Il m’a fallu toutes ces années pour prendre rendez-vous avez moi-même, faire une pause, m’interroger sur qui j’étais, qui je voulais être, ce que j’étais réellement en train de faire, et ce que je voulais faire.
En clair, avant ça, je n’étais absolument pas alignée avec moi-même, je vivais avec un masque qui me collait au visage et je passais à côté de ma vie. Et c’est plutôt triste si l’on considère que l’on n’a qu’une occasion de vivre notre meilleure vie.
À l’heure où je mets à jour cet article, je suis à quelques années de mes 40 ans, et je me rends compte que chercher son alignement est le travail de toute une vie. Nous changeons perpétuellement, et le monde dans lequel on évolue change continuellement. Il faut donc régulièrement prendre le temps de se retrouver face à soi-même, se demander si la vie nous convient telle qu’elle est et s’il y a des choses à adapter.
C’est donc important de se composer une boîte à outil pour pouvoir évaluer son alignement tout au cours de sa vie.
Dans cet article, je donne 3 conseils qui m’ont aidée à retrouver du sens et de l’alignement et que je garde sous le coude pour pouvoir les appliquer à chaque fois qu’un bilan s’impose !

Ça veut dire quoi, être aligné·e ?
Il s’agit d’une notion qui peut être interprétée de différentes façons, mais je vais tenter d’expliquer ce qu’est l’alignement personnel à mes yeux.
Pour moi, être aligné·e, c’est :
- Avoir l’impression que les choses ont du sens dans notre vie. Ne pas se demander si on est en train de gâcher son temps, si on pourrait se sentir mieux ailleurs…
- Se connaître, savoir ce qu’on veut, être capable de poser ses limites et de les faire respecter, pouvoir se définir sans les autres, être conscient·e de l’influence du monde extérieur sur nous…
- Respecter ses valeurs (et pour ça, il faut les connaître !), ne pas sentir de décalage entre ce qui est important pour nous et ce qu’on fait effectivement.
Quand on est aligné·e, on prend soin de soi, on pratique des choses qui nous font du bien, on est en accord avec ses valeurs, on sait ce qu’on veut, on ne porte pas de masque pour plaire aux autres.
La notion d’alignement peut s’appliquer à tous les aspects de notre vie sur lesquels nous avons un pouvoir de décision : le travail, le couple et toute autre relation, la manière dont on occupe notre temps, l’endroit où nous vivons, etc.
On utilise aussi parfois le terme de congruence, popularisé par Carl Rogers, dont voici une définition :
La congruence : croire ce que l’on dit, exprimer ce que l’on ressent et faire ce que l’on pense. (…) la congruence est le chemin vers l’authenticité : être soi-même, sans faux-semblant, sans tricherie, en mettant en concordance ce que nous vivons à l’intérieur et ce que nous exprimons vers l’extérieur, avec un sentiment d’unité.
La congruence, véritable clé de l’influence et du leadership ? (Gordon Crossings)
Voici trois conseils pour mieux se connaître et devenir plus aligné·e avec soi-même.
Conseil n°1 : Arrête de penser aux autres
Pour être aligné·e, il faut cultiver un égoïsme sain.
Faire connaissance avec soi-même
Pour se connaître, se trouver, entendre sa voix intérieure, décoder ses propres émotions, il faut être capable de se couper du monde extérieur. Les réactions des autres influencent trop souvent nos décisions, soit parce qu’on veut plaire, soit parce qu’on est écrasé·e par la pression sociale, parce qu’on se sent observé·e, ou encore qu’on entretien des relations avec des gens qui ne nous acceptent pas pour qui nous sommes.
C’est seulement en passant assez de temps seul·e qu’on peut comprendre nos besoins, notre façon de fonctionner, et beaucoup d’autres choses qui nous appartiennent.
Dans la même dynamique, il faut aussi s’entraîner à arrêter d’infliger ce même traitement aux autres : arrêter de juger, de vouloir influencer, et de se comparer. En cultivant cette manière de penser, on apprend à moins donner d’importance au jugement extérieur quand il s’agit de nous.
Vouloir influencer les pensées et les actes des autres sans qu’ils ne nous demandent conseil les empêche de grandir et de se construire par eux-mêmes.
C’est pareil pour toi, quand tu laisses les remarques et jugements des autres te dévier de ton propre chemin.
S’aider soi-même avant d’aider les autres
Beaucoup de gens, et particulièrement des femmes ou personnes identifiées comme telles, ont un profil de " people pleaser " et pensent avant tout au confort et à la satisfaction des autres avant la leur. C’est souvent ce qui explique notre tendance à nous traverstir pour s’adapter à la situation ou aux personnes qu’on a face à nous.
Il existe un autre profil, celui du sauveur ou de la sauveuse, qui est perpétuellement en train d’essayer d’aider les autres, mêmes quand ils ne lui ont rien demandé. C’est une tactique de fuite vers l’avant ! Pendant qu’on est en train d’essayer de régler la vie des autres, on ne s’occupe pas de ce qui se passe en nous. Alors, on applique les mêmes consignes que quand on prend l’avion : on enfile son propre masque à oxygène avant d’aider les autres passagers !
Cela ne veut pas dire qu’il faut ignorer le monde qui nous entoure, mais il faut faire la distinction entre les situations où on doit aider quelqu’un parce qu’on en a les capacités, qu’on est la personne adéquate et que l’autre a vraiment besoin d’aide; et les situations où d’autres personnes essaient de profiter de notre bonté, voire celles où on se jette au secours de l’autre alors qu’il n’a rien demandé.
En gros, on pose ses limites et on s’assure que tout va bien en nous avant de chercher à faire le bien ailleurs. Et si tu es tombé·e sur cet article, c’est que tu sens qu’il y a un problème d’alignement chez toi, et donc que tu as besoin de t’occuper de toi avant tout !
Lorsque nous laissons les autres régler leurs propres problèmes, nous pouvons être reconnaissants d’avoir plus de temps paisible.
Extrait de Changez votre façon de penser et votre vie changera (Karen Casey)
A lire aussi :
- Ne jouons pas au psy avec nos amis
- Syndrome du sauveur : comment se libérer du besoin maladif d’aider les autres ?
Des outils pour cultiver sa connaissance de soi-même
Pour apprendre à se connaître en ignorant le bruit extérieur, il faut se créer des espaces où seule notre voix a sa place. Ces méthodes demandent du temps et de l’investissement : on n’oublie pas ses préjugés ni les choses qu’on a entendues maintes fois à notre sujet du jour au lendemain.
Le journaling
Il s’agit d’écrire tout ce qui te passe par la tête, sans retenue. Pas besoin d’y mettre les formes, le principal, c’est de laisser le stylo glisser sans jugement et sans se refreiner. Après quelques jours de pratique assidue, cela devient un automatisme.
Certaines personnes préfèrent faire cet exercice oralement, en s’enregistrant. Le principal, c’est de pouvoir retenir les choses importantes qui ressortent de ces séances de confessions. Si tu préfères la forme orale, je te conseille quand même de noter les points clés qui en ressortent dans un carnet.
Le coaching ou la thérapie
Un·e bon·ne coach te posera des questions pour t’aider à trouver des réponses, sans te les donner. C’est pareil chez un·e psychologue (n’hésite pas à te renseigner à l’avance sur la méthode de la personne que tu envisages de consulter, il existe de nombreuses formes de thérapie).
Réaliser cette démarche avec un·e professionnel·le peut te donner une structure et t’encourager à ne pas abandonner en cours de route. De plus, ces personnes sont parfois plus à même de réaliser que tu n’as pas été au bout de ta réflexion, ou que tu caches encore des choses inconsciemment.
L’auto-coaching
Si tu n’as pas besoin de support de la part de quelqu’un d’autre, il existe des outils d’auto-coaching (livres ou méthodes en ligne par exemple). Ils permettent de structurer tes réflexions, à l’inverse du journaling qui est plus spontané. D’ailleurs, l’auto-coaching peut faire suite au journaling, les deux ne sont pas exclusifs.
Tu peux créer ton propre outil d’auto-coaching si tu te connais suffisamment et/ou si tu as mis le doigt sur un point particulier que tu veux travailler. Par exemple, lorsque je me sentais mal au boulot, j’ai réfléchi aux choses importantes pour moi, et j’ai créé un modèle réutilisable pour écrire chaque jour les choses qui étaient importantes pour moi (qu’est-ce qui m’a fait me sentir mal, qu’est-ce qui m’a fait du bien, qu’est-ce que j’ai appris aujourd’hui, mon niveau de bien-être…).
Il existe également de nombreuses méthodes éprouvées, comme les " 5 pourquoi" , ou encore des méthodes ciblées développées par des coach et mises à disposition sous la forme de livres ou de modèles à télécharger.

Conseil n°2 : Reste curieux·se pendant le cheminement au lieu de te focaliser sur l’objectif
L’alignement, c’est un état qu’on veut connaître tout le temps. Il ne faut donc pas viser un objectif fixe en espérant qu’on sera enfin aligné·e, pour toujours, quand il sera atteint.
En s’accrochant moins à l’objectif final, on s’autorise aussi plus facilement à remettre en question continuellement son alignement, et à opérer des changements plus rapides au besoin.
Souvent, lorsqu’on se fixe un objectif, on continue tête baissée à aller dans cette direction, coûte que coûte. Sinon, c’est vécu comme un échec. Pourtant, c’est compliqué, voire impossible, de savoir avec certitude ce qu’on veut à l’avance. Parfois, on réussi effectivement à aller là où on voulait arriver, et on se rend compte que ce n’est pas ce qui nous convient finalement…
Pendant le cheminement, les différentes étapes par lesquelles on passe pour atteindre un objectif, on a par contre l’occasion de se poser de nouvelles questions, d’explorer d’autres pistes, et peut-être de trouver, par le plus grand des hasards, là où doit être pour l’instant.
L’objectif nous donne une direction, mais il n’est pas interdit de bifurquer, que ce soit pour faire une escale, ou simplement changer de cap !

Il ne faut pas que le résultat final ne devienne une obsession. C’est exactement comme ça qu’on se borne dans une voie qui n’est pas faite pour nous, et qu’on dépense du temps et de l’énergie à essayer de rentrer dans un moule où on se sent à l’étroit. De plus, notre cheminement est pavé d’événements et de dynamiques sur lesquels nous n’avons aucune emprise !
Des exercices pour bien cheminer
Avant de décider d’un but à atteindre, réalise un exercice d’introspection pour connaître les choses qui doivent te guider pendant ton cheminement. À savoir :
- Ce que tu veux. Il ne s’agit pas de se projeter dans ce que tu penses vouloir, mais plutôt de réfléchir aux valeurs qui sont primordiales pour toi, à l’équilibre que tu veux trouver, aux choses sur lesquelles tu n’es pas prêt·e à faire des concessions, à ce qui te manque aujourd’hui.
- Ce que tu ne veux pas. C’est aussi important, voire plus, que de savoir ce que tu veux. La bonne nouvelle, c’est que c’est aussi plus facile à définir : il suffit de te souvenir de tout ce qui t’a déjà rendu·e triste, frustré·e, énervé·e, déprimé·e… par le passé, et éventuellement d’utiliser les " 5 pourquoi " pour déterminer exactement ce qui a provoqué ces sentiments.
- Ce que l’expérience t’a déjà prouvé. C’est pour ça que je trouve le journaling vraiment important ! On a tôt fait de passer l’éponge sur nos expériences, plaisantes ou non, et on a tendance à redessiner les souvenirs dans notre esprit. Garder une trace des expériences qui ont forgé notre histoire, des événements marquants, permet de mieux répondre aux deux questions précédentes et de déceler rapidement un " déjà-vu " dans le présent.
- Ce qui remplit ta jauge, et ce qui la vide. On a parfois envie de choses qui ne nous permettent pas de nous recharger et de trouver la satisfaction. Il faut donc aussi savoir comment on fonctionne et de quoi on a besoin, pour pouvoir le en prendre compte et s’assurer que ça colle avec nos plans. Je te conseille l’outil des " forces de caractère " (Character strength), tu peux faire un test gratuit sur le site VIA character (choisis la langue française dans le formulaire).
Ces informations te serviront de carte pour mieux te repérer pendant tes pérégrinations.

Conseil n°3 : Arrête de foncer tout droit et ralentis !
Qui ne connaît pas une personne qui s’est accrochée à un boulot qui ne lui convenait absolument pas, pris·e dans l’engrenage du quotidien, jusqu’au jour où ça l’a menée au burn-out ?
Pour se connaître, et reconnaître les signes de désalignement, il faut aussi prendre le temps de l’introspection, explorer des pistes et regarder autour de soi. Si c’est aussi difficile d’être aligné·e, c’est en partie car nous sommes toujours dans une course folle, en train de jongler entre travail, obligations sociales, activités santé, famille… Ajoutons à ça les heures passées sur les réseaux sociaux, et on n’a plus une seule minute à soi.
Adopter une vie plus " slow " est nécessaire pour s’assurer qu’on est aligné·e. Tout pratiquer dans la précipitation nous a coupés de nos sensations, de nos désirs, de nos besoins. Résultat, on adopte des comportements compulsifs (comme les achats répétés) car nous ne sommes plus capables que de profiter de distractions et satisfactions génériques, rapides et efficaces, au détriment d’un cheminement plus long et complexe mais qui nous convient réellement.
Reprends le temps de te poser (et de te " pauser "), de réfléchir sans distraction, de faire le point avec toi-même (nouvel argument en faveur du journaling : c’est une pause forcée face à soi-même).
Fais taire le bruit incessant dans ton esprit en trouvant des activités qui te permettent de souffler et de te retrouver seul·e. Fais-en une liste dans laquelle piocher des idées, et organise toi pour en pratiquer plusieurs fois par semaine, idéalement un peu chaque jour. Je donne 31 idées d’activités pour ralentir ici.

Je n’ai jamais autant réussi à travailler sur mon alignement quand quand j’ai pu prendre une pause carrière et bénéficier de la majorité de mon temps. Cependant, tu peux aussi faire les changements nécessaires pour trouver ce temps au quotidien, ou au moins chaque semaine. Tu peux probablement remplacer des activités qui ne t’apportent rien par un moment où tu fais un bilan avec toi-même. Et si tu n’y arrives vraiment pas, engage-toi dans un coaching : une fois le rendez-vous pris, tu te sentiras forcé·e de prendre ce temps pour toi.
Sélection lecture pour une vie plus alignée
Je recommande chaudement les livres de Sarah Knight, en particulier " La magie du J’en ai rien à foutre " ou " Fais comme tu le sens ! ". Elle y explique comment vivre pour soi et par soi sans vouloir plaire à tout le monde, et se débarrasser des " je dois " pour atteindre une vie qui nous convient. Je relis quasiment tous les ans mon exemplaire de " Fais comme tu le sens ! ". 🧡 🧡 🧡
D’autres articles sur le blog :
- Comment on fait pour être heureux·se seul·e ?
- Mon récit d’une pause carrière de 6 mois pour me retrouver
- Désencombrer son agenda pour retrouver du temps pour soi
- Comment être heureux·se, selon la science
À lire ailleurs :
- Alignement, comment être en accord avec soi (Libère ta vie). Cet article rappelle les signes qui peuvent t’indiquer que tu n’es pas aligné·e, pourquoi c’est difficile de trouver cet alignement, et donne des conseils pour trouver ce qui a du sens pour soi.
