
Dernière mise à jour le 10 juin 2025
Les conseils pour organiser ses affaires et ranger sa maison sont nombreux. Généralement, ils consistent à acheter toujours plus d’objets de rangement : des mini-étagères à mettre à l’intérieur de ses meubles, des blocs à tiroirs pour organiser sur plusieurs étages, des solutions pour pendre ses accessoires à l’intérieur des portes de sa garde-robe ou ranger sa vaisselle à la verticale dans la cuisine… Cependant, est-ce vraiment la manière la plus efficace de garder sa maison en ordre et de ranger ses possessions ?
Ce n’est pas mon avis, ni celui de Hideko Yamashita, pionnière du minimalisme et de désencombrement au Japon. En effet, dans sa méthode DanShaRi, publiée en 2009 (deux ans avant La Magie du Rangement de Marie Kondo), elle dénonçait déjà la mode des " Home Organizers " et de l’art du rangement, qui encourageaient les gens à acheter des accessoires de rangement plutôt qu’à trier leurs possessions et apprendre à vivre avec uniquement les objets qui leur conviennent.
Tu trouveras un résumé du livre DanShaRi de Hideko Yamashita sur mon Substack. J’y publie entre autres des résumés des livres intéressants que je lis.
Ces techniques ne font que masquer les problèmes que sont l’encombrement et la surconsommation. Elles fonctionnent pendant un moment, mais très vite, le désordre se réinstalle dans la maison. Pire, le rangement devient plus complexe qu’avant, ce qui découragera même certaines personnes à maintenir leurs bonnes habitudes.

La méthode de Marie Kondo, tout comme certains courants du minimalisme, sont finalement très centrés sur le matériel et l’objet, et pas sur la personne, ses besoins et sa situation. Quand j’ai appris récemment que Marie Kondo avait carrément ouvert sa boutique pour permettre à ses fans d’acheter ses goodies, j’ai avalé mon thé de travers…
Ceci n’est pas une blague…
- Marie Kondo, la reine du rangement, ouvre sa boutique en ligne
- Marie Kondo, la papesse du rangement, ouvre une boutique de gadgets
L’auteure de La magie du rangement a d’ailleurs déclaré qu’il était normal d’avoir beaucoup d’objets si l’on avait une grande maison, et qu’elle voulait aider les gens dans leur consommation, les aider à consommer des objets appréciables. Et là, je suis complètement en désaccord.
Le problème des techniques " d’art du rangement " et d’organisation de la maison
Organiser ses rangements, acheter des bacs et paniers pour aménager l’intérieur de ses meubles, tout étiqueter… sera satisfaisant dans l’immédiat et donnera l’impression d’avoir atteint un objectif. Le problème, c’est de tenir l’effort sur le long terme… c’est-à-dire, à vie !
Attention, je ne dis pas que tout est à jeter dans ces techniques. J’utilise quelques rangements de ce type pour organiser les objets qui se perdent facilement, ou parce que mes meubles ne sont pas idéaux pour ce que j’ai à y ranger (et que je n’ai pas envie de racheter pour les remplacer, vu qu’ils sont encore en parfait état). J’étiquette aussi les boîtes d’ingrédients secs dans la cuisine.
Cependant, ces méthodes de rangement ne s’entretiennent pas d’elles-mêmes, et elles apportent de la complexité dans notre quotidien, c’est pourquoi je limite au maximum ce type d’objet de rangement.
Pourquoi ces méthodes de rangement ne durent pas dans le temps
L’une des règles de base, pour une maison organisée, c’est de rendre les gestes de rangement plus faciles !
On considère que chaque geste supplémentaire qu’il faut réaliser nous démotive un peu plus. Si on doit ouvrir une armoire, puis chercher le bon tiroir dans notre bloc de rangement, puis ouvrir le tiroir, puis chercher dans le tiroir le compartiment où ranger notre objet… on risque de finir par laisser l’objet tout le temps en dehors du meuble, ou le ranger n’importe où.
Et les étiquettes, il faut les garder à jour à chaque fois qu’on décide de déplacer un object, qu’on en ajoute ou retire un… Parfois, ça fonctionne très bien quand on est seul·e, mais tout se complique quand on vit à plusieurs !
Ce qui te motive dans ces méthodes de rangement et d’organisation sera peut-être une corvée supplémentaire pour les personnes qui partagent ton logement. Et ça, tu ne peux rien y faire : si les autres personnes ne sont pas motivées par ton système de rangement, soit tu passes ton temps à te prendre la tête avec tout le monde (pour rien), soit tu prends toute la charge mentale sur toi.
Mais il y a peut-être un effet encore plus pervers à ces méthodes de rangement : l’effet rebond. Si tu n’as pas revu ta manière de consommer avant de te lancer dans l’organisation de tes objets, tu risques de voir cette réorganisation comme une opportunité d’acheter encore plus de choses.
En effet, ces rangements donnent l’impression que tu disposes de plus de place qu’avant…

La méthode vraiment efficace pour ranger moins
Du coup, si ces méthodes de rangement ne sont pas réellement efficaces pour la plupart d’entre nous, qu’est-ce qu’on fait ? On accepte de vivre dans le désordre permanent ?
Non, bien sûr. J’ai une autre méthode à proposer pour régler le problème : le désencombrement et la consommation raisonnée. Beaucoup de Home Organizers (ou coach en rangement et organisation) ont inclus le désencombrement dans leur méthode aujourd’hui, mais vont-elles et ils assez loin ? Pas sûr, puisque le but final est quand même de vendre des méthodes et techniques de rangement…
Pour garder sa maison en ordre, il faut d’abord désencombrer, pour de vrai. Il ne s’agit pas d’un tri superficiel, mais bien d’une remise en question profonde de nos habitudes : pourquoi garde-on autant de choses, est-ce que cela cache des peurs et lesquelles, comment apprendre de ses mauvais achats passés… Toutes ces questions seront utiles pour la suite.
La suite, d’ailleurs, c’est la consommation raisonnée. Désencombrer, ça demande beaucoup d’énergie et de temps. Le but ultime, c’est de ne plus devoir répéter cette étape et de pouvoir se contenter de petits tris sporadiques.
Acheter des choses dont on n’a pas besoin nous force à trouver des endroits pour les ranger et à les entretenir, et nous fait perdre de l’argent. Même lorsqu’on acquiert quelque chose gratuitement, on ajoute de la charge sur ses épaules, puisqu’il faut quand même trouver un endroit où ranger ces choses et les maintenir en bon état.
Savais-tu qu’idéalement, tes armoires et autres espaces de rangement ne devraient jamais être remplis à plus de 70% ? Cela permet de bouger les objets à l’intérieur facilement et de voir tout ce que tu possèdes. De cette manière, il est plus facile de ranger mais aussi d’utiliser tes objets au quotidien.
Alors, comment changer sa manière d’acheter ?
Désencombrer
J’ai publié de nombreux articles sur le désencombrement, je te renvoie vers l’article Comment désencombrer pas-à-pas en 6 grandes étapes ou 5 types d’objets à trier pour commencer son désencombrement pour commencer.
En résumé, désencombrer, c’est regarder toutes ses possessions, et juger si on en a besoin, dans le présent. Cette étape permet de changer notre manière de consommer pour les raisons suivantes :
- C’est difficile de se rendre compte de ce qu’on possède vraiment, de l’argent dépensé dans des objets inutilisés, ou même de se souvenir de tout ce qu’on a, tant qu’on n’a pas tout sous les yeux. Cela nécessite d’arrêter le train du quotidien, de tout sortir et de tout étaler côte-à-côte.
- Faire cet inventaire permet de déceler des problèmes potentiels : as-tu énormément d’objets inutilisés ou utilisés une seule fois, ou conserves-tu énormément de choses qui ne sont même plus en état de marche, avais-tu oublié beaucoup d’affaires qui étaient cachées derrière d’autres, au fond de tes meubles ?
- Finalement, en faisant ce tri et en observant les objets dont on n’a pas besoin, on peut commencer à formuler des hypothèses sur les raisons qui nous poussent à acheter des choses inutiles ou à conserver sans pouvoir jeter. Comprendre ses comportements de consommation est important pour en changer !
Voir aussi : Pourquoi on n’arrive pas à désencombrer, et comment dépasser ses freins
Apprendre à reconnaître ses besoins
Face aux petits prix et aux offres promotionnelles qui s’enchaînent, il est devenu compliqué de savoir ce dont on a réellement besoin. Connaître ses besoins réels, c’est un exercice de longue haleine, qui demande de l’introspection et un réajustement régulier.
Il faut apprendre à comprendre ses besoins réels et actuels : pas ceux créés par l’envie, les modes et les promotions, pas ceux que tu envisages d’avoir dans le futur, ni ceux qui sont passés, pas ceux générés par la peur de manquer…
De plus, les besoins sont totalement personnels. Ce qui est vrai pour quelqu’un d’autre ne s’applique pas à toi. Tu peux te faire coacher, pour connaître les bonnes questions à te poser, mais personne ne peut t’apporter de réponse toute faite.
N’acheter que ce dont tu as " besoin " ne veut pas dire que tu ne peux plus te faire plaisir, mais cela signifie par exemple reconnaître qu’on n’a pas besoin d’une mallette de 250 feutres pour dessiner, qu’il est inutile de posséder plus d’objets de décoration qu’on n’a de place pour les exposer, ou qu’on ne peut pas posséder tout ce qu’on trouve joli.
Quand tu penses avoir besoin de quelque chose, écris-le sur une liste et laisse passer au moins quelques jours, idéalement quelques semaines, pour voir si tu ressens toujours ce besoin après ce délai de réflexion.
Développer une éthique de consommation
En devenant plus exigeant·e dans ta façon de consommer, tu éviteras de nombreux mauvais achats. Par exemple, l’esthétique et le prix d’un objet à eux seuls ne sont pas des critères d’achat suffisants. Outre le fait d’en avoir réellement besoin, commence à t’interroger sur ce qui est éthique ou pas à tes yeux.
Est-ce que je suis d’accord d’acheter des objets fabriqués par des personnes qui travaillent dans des conditions proches de l’esclavage ? Est-ce que je veux participer à la demande pour des objets fabriqués dans une matière qui va polluer pendant des décennies, ou qui nécessitent l’extraction de ressources rares au détriment des populations locales ?
Ce ne sont là que quelques exemples. Je te conseille de lire des livres ou regarder des documentaires sur la surconsommation. C’est en apprenant comment nos objets sont fabriqués que j’ai décidé d’adopter de nouvelles habitudes d’achat. Il ne s’agit pas nécessairement de chercher les labels éthiques mais parfois simplement de passer aux objets de seconde main et de limiter ses achats au maximum.
Une de mes recommandations est " The Story of Stuff ", traduit en français par " La planète bazar ", écrit par Annie Leonard et disponibles aux éditions Dunod.
Mettez du sens dans vos achats, et vous n’aurez plus jamais à désencombrer !
Ne pas se réfugier dans le désencombrement
Il y a un effet pervers à la mode du désencombrement : certaines personnes tombent dans un nouvel extrême où elles ne ressentent plus aucune culpabilité en achetant quoi que ce soit, même si elles finissent par ne pas ou peu l’utiliser, juste parce qu’elles peuvent désencombrer et donner ces objets ensuite.
Le fait de pouvoir mettre ces objets sur le marché de seconde main n’est pas une excuse pour être moins exigeant·e dans ses achats : en acquérant des objets qui ne nous sont pas utiles, on crée de la demande (on pousse les entreprises à produire plus) et on prive des personnes qui ont besoin de ces objets.
De plus, le marché d’occasion est déjà saturé, à cause de la mode du désencombrement superficiel. Il y a déjà bien assez d’objets de seconde main disponibles pour les personnes qui en ont besoin.
Fuir les tentations
La règle, c’est qu’on ne va pas dans un magasin sans savoir ce qu’on va y acheter (idem pour les boutiques en ligne). On ne se rend dans un magasin ou sur un site de vente que quand on a quelque chose d’écrit sur sa liste de besoins.
Ça veut dire refuser les " sorties shopping " avec les ami·es, ne pas " se balader " dans des centres commerciaux, ne plus considérer le shopping comme un hobby, se désabonner des newsletters commerciales, ne pas suivre les influenceur·euses qui promeuvent la surconsommation, se détacher des modes et tendances…
Consommer sans acquérir
On n’y pense pas souvent, puisque c’est devenu tellement facile d’acheter tout et n’importe quoi… Il existe plein de manières de consommer sans acquérir et donc sans s’encombrer :
- Emprunter : pour tous les objets qu’on n’utilise que quelques fois par an, on peut essayer d’emprunter à des proches, ou poster un message sur les groupes locaux pour trouver quelqu’un pour pourrait nous prêter l’objet dont on a besoin.
Exemples : appareil à raclette, outillage d’entretien du jardin (taillez vos haies une ou deux fois par an maximum, c’est bon pour la biodiversité), outils de bricolage. - Louer : pour ce qu’on va utiliser une seule fois.
Exemple : outillage, vêtements pour les grandes occasions… ainsi que les livres de la bibliothèque, médias de la médiathèque, jeux de la ludothèque. - Échanger : pour les objets qui peuvent encore vivre de nombreuses vie chez quelqu’un d’autre et que vous consommez régulièrement.
Exemple : livres, vêtements. - Mutualiser : pour les objets encombrants et qu’on n’utilise pas très souvent, on peut décider d’acheter à plusieurs (soit en mettant en place une initiative dans son village, soit en organisant ça avec ses proches). De cette manière, l’appareil est stocké dans un local commun, ou à tour de rôle parmi tes proches.
Exemple : appareil à raclette, gaufrier, outillage, appareils de jardin, barbecue.

Je suis en train de lire la magie du rangement et je cherche encore le chapitre où elle parler de ce qu’on fait de tout ce qu’on jette. Donc je comprends là que le sujet n’est pas abordé. La raison pour laquelle j’ai vraiment du mal à desencombrer c’est que je ne sais pas vraiment quoi faire de tous les objets que je ne veux plus. Je ne peux pas me résoudre à les jeter à la poubelle, alors j’essaie de vendre, de donner, mais ça ne va vraiment pas vite. Ça prend énormément de temps. Et ça me décourage.
Merci pour cet article.
Coucou Céline,
Au début j’essayais de vendre un maximum de choses, mais ça me prenait beaucoup de temps et d’énergie, alors maintenant je donne quasiment tout, je sélectionne précieusement ce que je prends le temps de vendre. Je donne tout le reste chez Emmaüs car ils prennent tout, il faudrait que tu trouves une structure de ce genre (si c’est loin de chez toi, fais un gros désencombrement et embarque tout en un seul trajet…).
Bon courage et merci pour ton commentaire !
Malheureusement, le désencombrement écologique est le travail d’une vie ENTIERE. Je m’explique : comparé à d’autres, j’ai très peu de choses. Mais encore beaucoup trop a mon gout. Comme toi, j’essaie de vendre, mais ça ne part pas suffisamment vite. Et jeter est pour moi impensable. Alors je garde en essayant de donner une seconde vie a absolument TOUT. Des vieux livres serviront sans doute un jour de fuel ? des chemises deviendront peut-être …des serviettes ? J’en sais rien, mais CHAQUE OBJET peut être détourné, et peut servir toute une vie, surtout s’il a été transformé. Arrêtons de jeter, les matières sont quasiment indestructibles et / ou polluent !