
DanShaRi est une méthode de désencombrement venue tout droit du Japon. Il ne s’agit pourtant pas d’une pâle copie de la méthode KonMari de Marie Kondo. En effet, Hideko Yamashita a écrit son livre sur DanShaRi en 2009, soit deux ans avant La magie du rangement de Marie Kondo. Avant de publier son livre, Hideko a donné des conférences sur sa méthode pendant huit ans.
La philosophie DanShaRi prône la simplicité et le désencombrement pour retrouver un esprit clair et découvrir qui nous sommes vraiment. Elle invite à changer notre dynamique par rapport à nos objets et à notre consommation, et à redevenir le sujet de notre relation au matériel.
Voici les dix grandes idées que j’ai tirées du livre " DanShaRi, L’art du rangement " (Marabout poche), traduit de la méthode proposée par Hideko Yamashita.
- DanShaRi n’est pas une méthode de rangement
- La base de DanShaRi : relation à l’objet et au temps
- Notre rapport aux objets influence qui nous sommes
- Vivre simplement n’équivaut pas à se priver
- Changer sa manière de consommer fait aussi partie de DanShaRi
- Penser aux besoins des autres
- Jusqu’où faut-il désencombrer
- Les choses dont il faut se débarrasser tout de suite
- Pourquoi on se retrouve encombré
- Comment désencombrer selon DanShaRi
- Mon avis sur la méthode DanShaRi et comparaison avec KonMari
Dans cet article je partage les choses que j’ai retenues de ma lecture, ce qui peut refléter une interprétation personnelle, même si j’ai essayé de m’en tenir au maximum aux idées telles qu’exprimées dans le livre.
DanShaRi n’est pas une méthode de rangement
Le titre proposé pour la version française du livre est étonnamment trompeur, puisque Hideko répète plusieurs fois dans son livre que les méthodes de rangement n’ont jamais fonctionné pour elle, et qu’elles ne font que cacher le problème sous jacent. L’art du rangement consiste à apprendre à stocker des objets, au lieu de réduire ce qu’on a à ranger pour se faciliter la tâche.

Le titre original du livre pourrait plutôt se traduire par " Un désencombrement qui change la vie ".
DanShaRi est un mot composé de trois idées :
- Refuser (dan) : refuser les nouveaux objets dont on n’a pas besoin (ne pas acheter ni accepter).
- Jeter (sha) : jeter ce dont on ne se sert pas aujourd’hui.
- Se détacher (ri) : remettre l’humain (soi-même) au centre et se détacher du matériel et des possessions.
Il s’agit donc bien d’un mouvement plus proche du minimalisme et de la simplicité volontaire, que de l’art du rangement. Pour pouvoir faire le ménage et ranger, il faut d’abord désencombrer.
D’ailleurs, Hideko insiste : on n’a pas besoin de techniques de rangement si on ne possède que le nécessaire, pas besoin d’acheter des boîtes ou autres systèmes de rangement ni d’apprendre des méthodes pour ranger ses objets. Le but est de passer moins de temps à ranger !
L’autrice avoue ne pas toujours avoir été douée pour la simplicité : elle passait son temps à ranger son désordre, elle a testé des techniques de rangement pendant une dizaine d’années, mais ça n’a jamais marché. Au contraire, ces méthodes de rangement compliquaient les choses et n’incitaient pas à trier (de plus, elles coûtent de l’argent).
La base de DanShaRi : relation à l’objet et au temps
Dans notre société, les objets ont tendance à être mis plus en avant que les personnes. Pour pouvoir appliquer DanShaRi, il faut remettre la personne à sa place de sujet.
Le principe clé de la méthode DanShaRi est très simple et repose sur :
- Notre relation à l’objet (" je ")
- La relation au temps (" maintenant ")
La seule question pour savoir si on garde un objet devient alors " Est-ce que J‘en ai besoin maintenant ?" . Cependant, il faut noter que c’est un processus continu : " maintenant " change tout le temps, et nous changeons au fil du temps.

Une autre difficulté par rapport au temps est que chaque personne a une notion de " maintenant " différente : certaines personnes peuvent considérer " maintenant " comme une période de vingt ans, là où au contraire un enfant vit dans l’instant présent et ne se projette pas dans l’avenir. Cette manière de considérer le temps est influencée par notre âge, notre personnalité et nos expériences de vie.
Que se passe-t-il quand on ne pense pas en " je " ou à " maintenant " ? On évite de se débarrasser des objets pour les mauvaises raisons :
- Quand l’objet devient le sujet, on a peur du gaspillage, on se dit que c’est dommage de jeter un objet même abîmé ou qui ne nous convient pas.
- Quand on ne pense pas à " maintenant ", on a peur d’avoir besoin d’un objet dans le futur, de manquer (" Je pourrais en avoir besoin un jour, ça pourrait servir un jour ").
Notre rapport aux objets influence qui nous sommes
Selon Hideko, l’allègement matériel provoque également un allègement spirituel. Posséder moins permet de progresser. L’objectif n’est pas juste de ranger chez soi mais de connaître son vrai " moi " et l’apprécier, ce qui n’est pas possible quand on est encombré.
Le changement dans nos objets provoquerait un changement en nous, et la manière dont les autres nous perçoivent. Par exemple, se débarrasser de ses objets en mauvais état pour utiliser ceux qu’on apprécie le plus, mais qui sont rangés dans le fond d’une armoire, aurait une influence sur notre estime de nous.
Hideko donne l’exemple d’une femme qui continuait à utiliser un mug ébréché au lieu de s’en débarrasser pour utiliser une belle tasse neuve et précieuse qu’elle laissait dans son armoire, car elle la trouvait trop bien pour elle. Cela influençait sa manière de se percevoir elle-même.
Quand on repousse encore et encore son désencombrement, on perd de plus en plus confiance en soi et on développe de la culpabilité. Il faut donc s’y mettre, même si on commence petit, pour briser le cercle vicieux !
Lire aussi :
- Comment désencombrer pas-à-pas en six grandes étapes
- 5 catégorie d’objets pour débuter son désencombrement
Une fois le tri opéré, utiliser les objets qu’on a choisis ferait émerger un nouveau soi, où on se réaffirme, on réalise que les idées qu’on avait n’étaient pas les nôtres mais celles de notre entourage… On arrive mieux à définir ses propres valeurs et pensées une fois désencombré du superflu.
Vivre simplement n’équivaut pas à se priver
Il ne faut pas voir ce cheminement comme une privation douloureuse, le désencombrement peut se faire dans la joie. Un conseil, pour aborder le désencombrement d’une manière positive : se demander ce qu’on veut garder plutôt que de réfléchir à ce qu’on va " jeter ".
Cette notion de " privation " disparaît d’ailleurs lorsqu’on se remet, en tant que personne, au centre, qu’on reprend notre place de sujet, et qu’on redonne aux objets leur rôle fonctionnel.
Changer sa manière de consommer fait aussi partie de DanShaRi
Si on jette mais qu’on n’arrête pas d’acheter et qu’on ne refuse pas les nouveaux objets, on ne verra jamais les résultats de la démarche.
Hideko met en garde contre le danger des bonnes affaires et promotions : elles mènent à de mauvaises décisions et obscurcissent l’objet. De plus, on a tendance à voir le pourcentage de réduction plutôt le prix.
Cette éducation est aussi nécessaire aux enfants. Quand on leur donne tout, on ne leur permet pas de développer leur capacité à faire des choix. Cela se traduit typiquement par des phrases comme " Peu importe ", " Je sais pas "… quand ils doivent choisir eux-mêmes en grandissant.
Penser aux besoins des autres

Le fait qu’un objet soit utilisable ne veut pas dire qu’on va l’utiliser : cela dépend de nos besoins actuels. Un objet n’a pas la même valeur selon la personne à qui il appartient.
Lorsqu’on se débarrasse, on permet aux objets de circuler et d’atteindre l’endroit où ils sont nécessaires maintenant, c’est-à-dire chez quelqu’un qui en a besoin.
De plus, de nombreux pays connaissent une pénurie d’objets, alors que nous en avons trop : remettons de l’équilibre dans le niveau de possession des uns et des autres !
Jusqu’où faut-il désencombrer
La bonne quantité d’objets est la quantité que vous pouvez contrôler. Hideko juge que le désordre occasionné par les objets actifs n’est pas gênant, ils remplissent leur rôle et c’est normal de les gérer puisqu’ils sont utiles en retour.
Cependant, voici quelques chiffre qui permettent de s’orienter :
On pourrait appliquer la loi Pareto (80/20) à nos possessions : seuls 20% de nos objets actuels seraient effectivement utiles et nous suffiraient.
Autre règle : on ne remplit pas ses espaces de rangement à plus de 70%. Les 30% restants représentent le chemin de passage des objets et permet de ne pas devoir déplacer quelque chose pour atteindre ce qui est derrière, et de tout avoir sous les yeux.
Pour les rangements visibles, tels que les bibliothèques et vitrines, on réduit à 50%, tandis que pour les éléments purement décoratifs, on diminue à 10%.
Un peu de rangement quand même…
Même si DanShaRi n’est pas une méthode " d’art du rangement ", tout désencombrement s’accompagne par une optimisation de ses espaces de stockage :
- On ne range pas des objets différents ensemble (par exemple, on évite de mettre dans le même placard des assiettes et des denrées sèches).
- On adopte la loi des 70% (ou moins) d’espace occupé dans les rangements (voir ci-dessus).
- Loi du geste unique : quand on prend ou range un objet, c’est pénible de faire plusieurs gestes et on finit par arrêter de ranger. Il faut donc pouvoir manipuler les objets en deux gestes maximum (ouvrir et prendre / remettre et fermer).
Pour se faciliter la tâche, on enlève les couvercles inutiles, on coupe le dessus des paquets qui n’ont pas besoin d’être complètement fermés (exemple : boîtes de sachets de thé en carton)… - Le rangement des objets à la verticale permet l’accès direct aux objets.
- Placer certains objets dans un contenant permet de limiter la quantité qu’on possède.
Les choses dont il faut se débarrasser tout de suite
Il existe trois catégories d’objets dont on devrait se débarrasser tout de suite sans se poser de question :
- Ce qu’on n’utilise pas ou plus.
- Ce qu’on se force à utiliser alors que ça ne nous convient pas ou plus.
- Ce qui évoque des souvenirs, les objets sentimentaux qui ne nous servent pas ou plus.
Les objets destinés uniquement aux invités n’ont pas leur place chez nous. Ça ne sert à rien d’avoir une vaisselle pour les invités qu’on ne sort que quelques fois par an : on mérite de manger dans la belle vaisselle tous les jours ! De même, quelque chose qui est assez bien pour nous au quotidien est tout à fait convenable pour les invités également, il n’est donc pas nécessaire d’acheter de nouveaux objets spécialement pour eux.

Concernant les cadeaux qu’on a reçus, Hideko pense que les gens oublient souvent les cadeaux qu’ils ont faits aux autres et qu’on ne devrait pas s’embarrasser et garder ces objets s’ils ne nous conviennent pas.
Pourquoi on se retrouve encombré
Le causes de l’encombrement sont la société (de consommation), la famille (le ménage dans lequel on vit) et soi-même. On a donc 1/3 de responsabilité dans son encombrement.
Hideko insiste sur le fait qu’il ne faut pas forcer les personnes avec qui on vit : par exemple, il ne faut pas jeter des choses qui ne nous appartiennent pas. La meilleure manière d’inciter les autres à nous suivre est de montrer l’exemple et de s’attaquer à ses propres possessions, et à sa manière de consommer.
La majorité des gens entrent dans une de ces trois catégories d’accumulateurs :
- La fuite de la réalité : ces personnes sont toujours occupées en dehors de chez elles pour fuir la réalité et ne pas devoir gérer leur désordre.
- L’attachement au passé : elles sont obsédées par des temps heureux du passé et ont des difficultés à se confronter à la réalité.
- L’angoisse du futur : elle stockent au cas où quelque chose se passerait, achètent en trop grandes quantités et ont peur de manquer.
Certaines personnes brisent leur isolement en s’entourant d’objets.
Comment désencombrer selon DanShaRi
L’important, c’est de se mettre en marche. Si c’est vraiment très difficile de s’y mettre, il faut commencer par jeter un seul objet. Le passage à l’action permet d’entraîner le reste de la démarche.
Petite astuce générale : les endroits qui ne nécessitent pas de sous-catégorisation (par exemple, le placard à chaussures) sont plus faciles à trier que ceux qui contiennent plusieurs catégories d’objets.
Pour les autres endroits, Hideko conseille de diviser en trois catégories d’objets, puis de subdiviser chaque catégorie encore une ou deux fois pour se concentrer sur de plus petites quantités d’objets à la fois et mieux pouvoir comparer.
Choisir un endroit à désencombrer selon son temps disponible
Le but est de commencer rapidement et d’aller jusqu’au bout pour voir les effets de sa démarche. Si on attend d’avoir assez de temps pour tout faire, on ne commencera jamais. On peut donc débuter par quelque chose de petit, comme un tiroir, un sac, une petite pièce…

Si la motivation pose problème, il faut commencer par un endroit facile à désencombrer et qui aura de l’impact, et s’engager à maintenir cet endroit trié et rangé sur le long terme. Profiter de cet endroit bien rangé permettra de se motiver pour la suite et de continuer à bénéficier des effets positifs du tri.
Commencer par des lieux essentiels ou des endroits honteux
Il faut choisir des lieux qui ont un fort impact psychologique pour ressentir les effets bénéfiques rapidement. On peut privilégier les pièces fonctionnelles, comme la salle de bain, la cuisine ou la chambre, ou s’attaquer aux endroits où s’entassent les choses et où on a perdu le contrôle, comme le placard de rangement, un tiroir qui coince régulièrement, l’entrée dont on a honte quand on reçoit des gens…
Mon avis sur la méthode DanShaRi et comparaison avec KonMari
La méthode DanShaRi a été beaucoup moins popularisée en occident que la célèbre KonMari, alors qu’elle est une véritable référence au Japon (bizarrement, le livre a été traduit en plusieurs langues, mais pas en anglais). Je trouve ce manque de popularité chez nous dommage, car la méthode DanShaRi se rapproche beaucoup plus de ma philosophie du minimalisme :
Minimalisme vs Matérialisme
Avec DanShaRi, l’accent est mis sur le désencombrement et le retour à l’essentiel, là où Marie Kondo prône avant tout l’esthétisme et n’hésite pas à encourager les gens à racheter des choses. La méthode " spark joy " de Marie Kondo met aussi l’accent sur le fait de garder des objets qui nous apportent de la joie, sans essayer de réduire le nombre de possessions. De plus, elle ne pose pas la question de l’utilité qu’on en a, juste des émotions qu’on ressent en les voyant. Or, ce sont justement ces émotions liées aux objets qui empêchent beaucoup de gens de désencombrer !
Mon sentiment envers la méthode KonMari est qu’il s’agit d’une approche matérialiste, là où DanShaRi est minimaliste et place la personne au centre de l’attention.
" Quand j’ai commencé à organisé, j’ai utilisé la méthode KonMari (…) le but n’est pas de se débarrasser, mais de garder ce qui provoque de la joie. J’ai plusieurs shorts et jupes qui sont toujours dans ma penderie après plusieurs désencombrements et que j’aime tellement, mais que je ne peux plus porter car ils sont trop petits pour moi, mais ils provoquent de la joie ! Donc je les ai gardés. "
Spark Joy or Dan-Sha-Ri: The outcome of two different organizing methods are very different (Amanda Hsu, Medium, ma traduction)
Ce qu’on fait des objets qu’on désencombre
DanShaRi mentionne que les objets qui ne nous servent pas sont utiles ailleurs. Dans la méthode Konmari, il me semble que la question de la deuxième vie des objets n’est jamais abordée.
Changer sa manière de consommer
DanShaRi invite aussi à refuser de laisser des objets entrer chez nous pour ne plus devoir les gérer et les ranger dans le futur. C’est le plus gros reproche que j’ai à l’encontre de la méthode KonMari : il s’agit, effectivement, purement et simplement d’une méthode de rangement. Même si on trie avec la méthode KonMari, elle n’invite pas à remettre en question ses mauvaises acquisitions du passé ou à développer de nouvelles habitudes de consommation. Pire, Marie Kondo a ouvert sa propre boutique de goodies pour inciter les gens à acheter de nouvelles choses.
Le côté " développement personnel " de DanShaRi
J’apprécie l’idée qu’il faut remettre les gens à leur place de sujet, et garder les objets… à leur place d’objet ! Cependant, étant très terre-à-terre, j’ai moins accroché aux idées selon lesquelles notre nouveau logement, dépouillé du superflu, nous aiderait à réaliser qui nous sommes vraiment. Mais après tout, pourquoi pas ? Il est vrai que se questionner sur ce qu’on utilise effectivement aujourd’hui et se débarrasser d’objets qu’on n’a pas choisis peut amener à des réflexions personnelles plus profondes. Jusqu’où cela peut nous changer, c’est une autre question.
" Peut-être que, comme moi, vous découvrirez que le Danshari est bien plus qu’une méthode de rangement. C’est une manière de vivre plus en accord avec soi-même, de faire de la place pour ce qui compte vraiment, et d’aborder la vie avec plus de légèreté. "
Découvrez la méthode Danshari (La pigiste)
Je laisse à chacun et chacune l’opportunité de se faire une idée sur la question après avoir mis en place les conseils de DanShaRi !
À lire ensuite :
- Comment réellement garder sa maison rangée
- Désencombrer les objets sentimentaux et les souvenirs
- 5 catégories d’objets pour débuter son désencombrement
