Dernière mise à jour le 7 mai 2025

La mode responsable ou éthique, aussi appelée « Slow Fashion » par les anglophiles, ça ne se résume pas à acheter des vêtements de marques labellisées, souvent chères*. Il existe des solutions pour tous les budgets en matière de mode éthique, et c’est probablement bien plus simple que tu ne le penses !

En fait il y a plein de façons de consommer « mieux » les vêtements, d’avoir un comportement plus responsable, éthique, écologique et économique, tout en se simplifiant la vie… Quelles que soient tes motivations, voici plusieurs pistes dont tu peux t’inspirer selon tes besoins et tes possibilités.

D’ailleurs, je préfère le terme slow fashion pour son côté plus large, qui sous-entend de prendre le temps de faire ses choix, de consommer lentement et consciemment. J’ai testé les marques éthiques pendant quelques années, et je n’ai jamais trouvé satisfaction. Alors qu’en mixant toutes les stratégies qui me sont disponibles, je suis satisfaite de ma manière de consommer les vêtements, sans frustrations.

(*) La notion de cherté est relative, et dire que la mode éthique est souvent « chère » ne veut pas dire qu’elle est trop chère. Cependant, passer de vêtements à bas prix (fast fashion) à des vêtements plus coûteux mais plus qualitatifs, demande du temps, un changement d’état d’esprit, et une réorganisation de sa manière de consommer.

Acheter moins

C’est le geste le plus simple (mais pas pour autant le plus facile !) à adopter. Logique, si on n’achète pas, on ne consomme pas de ressources, on n’a pas créé de pollution à travers cet achat, et on n’a pas dépensé d’argent.

Dans les faits, consommer moins, c’est se battre contre ses habitudes et ses mauvais réflexes, c’est déconstruire un discours marketing et des normes sociales qui ont guidés nos habitudes d’achat jusque-là, c’est parfois être jugé·e par ses proches parce qu’on a décidé de changer nos comportement (même si c’est pour le mieux…).

Mieux consommer, ça veut dire consommer moins. Ne pas se laisser dicter sa conduite par le marketing et la société de surconsommation, n’acheter que ce dont on a besoin ou vraiment envie, dans des limites raisonnables, sans se laisser influencer par la pub, les promotions, les modes…

Dans un articlé dédié, je donne des astuces pour transformer ses habitudes shopping en d’autres réflexes, et acheter moins de vêtements.

Je suis passée par là. Comme beaucoup de femmes, je voyais le shopping comme une activité sociale à pratiquer avec mes copines. Difficile de se remettre en question quand « tout le monde » autour de soi le fait, que ça semble normal. Je faisais les magasins plusieurs fois par mois, aujourd’hui je m’y consacre en moyenne deux fois par an, voire une seule fois selon mes besoins.

Ne plus acheter, c’est bien, mais qu’en est-il du jour où on a vraiment besoin de renouveler des pièces de sa garde-robe ? Direction les conseils suivants !

Acheter mieux

Acheter mieux, ça veut souvent dire acheter plus cher, mais c’est pas plus mal ! D’une part, si tu achètes moins souvent des choses, tu peux économiser pour acheter des pièces plus chères. D’autre part, si tu achètes des pièces plus chères, tu auras moins l’opportunité, ou l’envie, d’acheter beaucoup de choses.

Mieux vaut investir plus dans une pièce qu’on veut vraiment et qu’on va user jusqu’à la corde, que dans 5 articles qu’on aime moyennement et qui vont traîner dans nos armoires, et finir à la poubelle.

J’aime bien le principe de « Cost per wear » de Balibulle, qui consiste à calculer le coût d’un vêtement sur base de son nombre d’utilisations.

Il y a le prix du vêtement. Et puis il y a son amortissement. Une parka à 375 euros portée pendant quinze jours vous « coûte » deux fois moins cher qu’une robe à 50 euros portée pour une soirée.

Balibulle, « Cost per wear »

Pour calculer le rendement d’un vêtement, il suffit de diviser son prix par le nombre de fois où on pense qu’on va le porter. Si c’est difficile à prévoir à l’avance, tu peux commencer par faire le calcul avec les vêtements que tu as déjà. De là, tu pourras peut-être tirer de premières conclusions sur le type de vêtements que tu « rentabilises » le plus.

Cependant, acheter moins ne veut pas nécessairement dire que tu dois acheter des vêtements plus chers. En effet, si tu commences par acheter dans les mêmes enseignes mais en fonction de tes besoins réels, c’est déjà un grand pas ! Avec l’argent économisé, tu peux de temps en temps investir de l’argent dans une pièce plus onéreuse, mais aussi investir de l’argent dans autre chose que des chiffons, ou épargner !

Acheter moins signifie créer moins de demande pour de nouveaux vêtements. Alors, même si tu achètes toujours des vêtements non éthiques, mais que tu en achètes beaucoup moins, et que tu les choisis bien, ton impact est beaucoup plus faible, tout en dépensant moins.

Au niveau personnel, acheter moins signifie dépenser moins et moins s’encombrer.

Consommer de seconde-main

Le marché de seconde main permet de se fournir à moindre coût et en polluant beaucoup moins (à condition de ne pas commander un t-shirt à 3 € sur Vinted toutes les semaines…).

Tout ce qu’on achète de seconde main :

  • n’enrichit pas les sociétés de fast-fashion (même si tu achètes leurs produits d’occasion, elles n’y gagnent plus rien),
  • (selon le circuit choisi) permet à des particuliers, des petits commerçants ou à des associations de gagner de l’argent,
  • consomme énormément moins d’énergie et de ressources (fabrication, transport, emballage, déballage…),
  • réduit la demande pour de nouveaux produits,
  • réduit le gaspillage en offrant un nouveau cycle de vie à un vêtement qui aurait pu finir dans une décharge.

Et bien sûr, tu économises de l’argent. Tu peux ainsi t’offrir des vêtements de meilleure qualité. Attention, cependant, le but n’est pas d’acheter plus que ce dont tu as besoin, car c’est moins cher et écologique, mais toujours d’acheter selon tes besoins. En effet, le premier conseil, « acheter moins », vaut toujours, quel que soit le canal via lequel tu achètes tes vêtements.

En surconsommant, même de seconde main, tu t’encombrerais, tu gaspillerais de l’argent, et tu ne permettrais pas à d’autres personnes de profiter des objets que tu stockes chez toi sans en avoir l’utilité. Je développe dans un article pour éviter les pièges de la mode d’occasion.

Il existe plein de circuits à exploiter : la vente entre particuliers (en ligne ou dans des bourses, brocantes, vide-dressings…), les ventes et échanges entre potes, les associations (Emmaüs, Armée du Salut…), les friperies, et même les « marchés du gratuit ».

Pense aussi à donner une seconde vie aux vêtements que tu possèdes et qui ne te servent plus.

Acheter local

Si l’on achète souvent des vêtements fabriqués très loin de nos yeux, c’est parce que les conditions de travail sont tellement déplorables là-bas que les entreprises peuvent se permettre d’exploiter les fabricants et de sous-payer les petites mains.

Pour contrer cela, tu peux acheter des vêtements fabriqués dans ta région. Cela te permet d’aller voir sur place ce qu’il se passe, de parler avec la créatrice ou le créateur. Lorsque tu voyages, n’hésite pas à emprunter les rues alternatives où travaillent des artisans, plutôt que les grosses artères bordées de chaînes internationales.

À défaut de pouvoir trouver des créations locales, cherche des marques qui fabriquent, de bout en bout, sur ton continent.

Je pense qu’il est vraiment difficile de s’habiller uniquement de vêtements locaux, mais tu peux investir de temps en temps dans le travail de quelqu’un de ta région ou ton pays, ou montrer ton support aux marques qui n’ont pas exporté les basses tâches à l’autre bout du monde.

Acheter des marques éthiques

Une garde-robe éthique ne signifie pas s’offrir uniquement des vêtements de marques responsables, mais on peut se faire plaisir de temps en temps avec une pièce labellisée et y investir un peu d’argent pour la chérir longtemps.

La mode éthique peut défendre différentes causes (matières recyclées et/ou recyclables, longue durée de vie, part versée à une association, commerce équitable, fabrication locale, matières vegan, tissus écologiques, culture durable…), à toi de faire le tri dans les labels en fonction de ce qui te tient à cœur dans la slow fashion.

Je trouve très difficile de s’habiller dans ces marques, pour plusieurs raisons :

  • Le manque de disponibilité : il faut généralement commander en ligne, ou visiter de grandes villes, pour trouver ces marques.
  • Le manque de diversité dans le style des vêtements proposés.
  • Le manque de diversité dans les tailles disponibles.

Comme pour les vêtements locaux, je trouve ça chouette de profiter occasionnellement de ces marques (par exemple, si tu es de passage dans une ville où se trouve une boutique de ce style) mais je conseille de mixer ces vêtements avec d’autres pour trouver un bon équilibre.

Garder ses vêtements sur la durée

Acheter slow, c’est aussi (et surtout) ne pas acheter ! On adopte donc de nouvelles bonnes habitudes pour garder ses vêtements le plus longtemps possible :

  • On prend soin de ses vêtements (respecter les instructions d’entretien lorsqu’on n’est pas sûr·e et ne pas laver inutilement, faire attention lorsqu’on porte du linge délicat…).
  • On répare ses vêtements quand c’est possible.
  • On teste de nouvelles associations lorsqu’on est lassé·e d’un vêtement.
  • On arrête de suivre les tendances, dont le seul but est de nous faire acheter sans écouter nos besoins.
  • On apporte du soin au choix de nos nouvelles acquisitions, quel que soit leur provenance, on choisit des vêtements qui continueront à nous plaire sur le long terme.
  • On privilégie les matières qui résistent bien au temps, les vêtements solides et les intemporels.

Louer ou emprunter

Il existe des services de location de vêtements pour bébés et enfants, voués à n’être portés que quelques mois aux âges où ils grandissent rapidement, et pour les vêtements de soirée et autres occasions habillées, que l’on ne porte qu’une fois par an voire moins.

Pour moi, les vêtements pour les grandes occasions sont les pire ennemis d’une garde-robe minimaliste : ils coûtent chers (et pas toujours pour de la qualité), on ne les porte quasiment jamais, ils sont souvent encombrants, et pire, beaucoup de gens ne veulent pas porter deux fois le même vêtement pour deux occasions différentes… La location est donc la meilleure solution !

On peut également simplement emprunter à quelqu’un qui a plus ou plus les mêmes mensurations que soi, c’est gratuit ! Cela vaut autant pour les vêtements occasionnels que pour les vêtements du quotidien.

Ça nous arrive d’en avoir marre de nos vêtements et d’avoir envie de changement. Dans ce cas, le pire réflexe est de filer faire les boutiques. En empruntant quelques pièces à quelqu’un d’autre, on peut se faire une nouvelle garde-robe pendant quelques mois sans frais. Juste le temps de retrouver l’envie de porter nos propres fringues.

Devenir minimaliste !

Posséder moins de vêtements, c’est s’habiller plus facilement et se concentrer sur d’autres choses plus importantes. Le changement peut s’enclencher en commençant par un bon désencombrement de son dressing, et en adoptant ensuite le concept de « garde-robe capsule », c’est-à-dire une garde-robe qui contient peu de choses, mais où tout est bien choisi, et où tout s’accorde.

En faisant le tri régulièrement :

  • tu retrouves des choses que tu avais oubliées,
  • tu te rends compte que tu as largement de quoi t’habiller,
  • tu arrives à mieux cerner tes bons et tes mauvais achats.
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