Dernière mise à jour le 9 mai 2025
Faut-il désencombrer les objets qui ont une valeur sentimentale, les souvenirs d’adolescence ou d’enfance, les albums photo, les cadeaux… ? Si oui, comment s’y prendre ? Et comment mettre ces objets en valeur pour qu’ils nous servent vraiment ? Dans cet article, on va voir comment trier, désencombrer et ranger ces objets sentimentaux et souvenirs, catégorie particulièrement sensible.
Retrouver de l’espace chez soi, c’est simple : il suffit de garder ce qu’on utilise, ce qui nous est utile maintenant, et de se débarrasser du reste. Mais simple ne veut pas dire facile ! Lorsque les sentiments et les souvenirs entrent en jeu, le désencombrement devient beaucoup plus compliqué pour la plupart des gens.
On observe plusieurs blocages communs qui nous empêchent de considérer les objets « sentimentaux » de manière objective, et donc de s’en détacher lorsqu’ils ne nous servent plus. D’ailleurs, vous avez probablement déjà entendu, chez vous ou chez d’autres, les excuses suivantes.
- Je pourrais en avoir besoin un jour… ou mes enfants !
- Cet objet me rappelle de bon souvenirs
- C’est un héritage ou un cadeau
- Les objets liés à des passions passées (ou désirées)
- Ok, mais pourquoi il faut désencombrer ses objets sentimentaux et souvenirs ? (Et comment…?)
- Que faire des objets sentimentaux et des photos ?
Je pourrais en avoir besoin un jour… ou mes enfants !

La question n’est pas « est-ce potentiellement utile » mais bien « est-ce que cela m’est utile, à moi, aujourd’hui« . C’est l’une des bases pour réussir à désencombrer. Cependant, j’ai rencontré des personnes, lors de mes sessions individuelles et de mes ateliers, qui se dédouanaient de cette question en gardant des objets pour leur descendance. « Je n’en ai pas besoin, mais je le garde pour mes enfants » : vaisselle, livres, linge, tout pourrait potentiellement servir à votre descendance.
Je me souviens de cette dame venue assister à un atelier avec sa fille. Elle n’arrivait pas à désencombrer les vêtements de bébés de ses enfants. Son excuse ? Ça pourra servir pour mes petits enfants… Sa fille, qui avait la vingtaine, lui a rétorqué de but en blanc que ces vêtements pour enfants étaient trop moches pour qu’elle les réutilise un jour.
La règle, c’est de demander à vos enfants directement et explicitement s’ils veulent que vous gardiez ces objets, et surtout sans les faire culpabiliser ! S’ils n’en veulent pas, plus d’excuses, faites-en profiter quelqu’un qui saura les apprécier, maintenant. Ne vous inquiétez pas pour vos enfants, ils construiront leur propre vie avec leurs objets, ceux qui leur plairont (ainsi qu’aux personnes qui partageront leur vie).

Ne forcez pas vos enfants à adopter vos objets juste parce que vous n’arrivez pas à vous en débarrasser ! En faisant de la rétention d’objets, vous ne faites que confier cette tâche à votre descendance, qui devra s’acquitter de la tâche de s’occuper de vos objets inutiles lorsque vous les quitterez. Vous ne leur faites un cadeau que si ces objets sont désirés, alors parlez-en avec eux.
Il faut aussi accepter que les objets qui ont une importance, une valeur ou une signification pour vous, n’en ont pas nécessairement pour les autres !
Cet objet me rappelle de bon souvenirs
Si les objets sentimentaux dégagent des ondes positives, et tant qu’il n’y a pas de soucis d’encombrement, tout va bien. Par contre, une « collection » d’objet qui s’apparente à un musée des bons moments passés ne donne pas la place à de nouvelles expériences et relations.

Pour éviter d’accumuler, choisissez un, et un seul, objet emblématique, représentatif de la période ou la personne dont vous voulez garder le souvenir. Rappelez-vous également que posséder un objet n’est pas nécessaire à maintenir ces bons souvenirs : si c’est le cas, si l’objectification de ce moment ou personne est nécessaire, c’est peut-être qu’il est temps de tourner la page et de passer à autre chose. (Donc pitié, jetez votre boîte de lettres d’amour de vos ex.)
L’objet n’est qu’une béquille, car le souvenir est déjà dans notre subconscient. Il est donc possible d’aller le retrouver sans avoir besoin de cet objet mais juste en prenant le temps de partir explorer ce qui se trouve dans notre tête.
Positivessence
Prendre racine dans le passé empêche de s’épanouir dans le présent : chaque jour est une occasion de créer de nouveaux souvenirs, et de profiter du moment avant tout.
Bien des gens finissent leur vie entourés de tonnes d’objets auxquels ils ne tiennent pas et qui ne leur sont pas utiles. Ils restent attachés au passé, aux ancêtres, aux souvenirs, mais oublient le présent et n’envisagent pas l’avenir.
Dominique Loreau, L’art de la simplicité

C’est un héritage ou un cadeau
Vous n’êtes pas obligé·e de garder un objet parce que vous l’avez reçu en héritage (même s’il se transmet dans la famille depuis des générations, surtout s’il s’agit d’un lourd meuble en bois massif que vous détestez, même si votre mère tente de vous culpabiliser pour que vous le gardiez chez vous) ou en cadeau.
Si quelqu’un vous en veut ou vous prend la tête parce que vous décidez de vous débarrasser de quelque chose qui ne vous sert pas, le problème appartient à cette personne, pas à vous. Personne ne devrait se forcer à exposer des souvenirs, à stocker des cadeaux, à ressortir des babioles lors de la visite de la personne qui les a offertes.
Pire, si vous continuez de jouer le jeu, comment voulez-vous les autres sachent ce qui vous convient ou pas ? C’est la meilleure manière de le encourager à continuer de vous donner ou offrir toutes ces choses qui ne vous conviennent pas.
Quand j’étais enfant, nous n’avions pas d’argent pour nous permettre d’acheter des choses élégantes. Ma mère a composé cet ensemble (de vaisselle) en achetant une tasse, une saucière à la fois, chaque année. Nous savions que l’occasion était spéciale quand la vaisselle sortait de son meuble. Pour elle, ils avaient de la valeur lorsqu’elle les admirait et les entretenait. Moi, je préférerais les voir s’user autant que possible.
(…)
Ils provoquent également chez moi des souvenirs tristes. Ils me rappellent que la vie de ma mère n’était pas facile.
(…)
En d’autres mots, comme beaucoup de souvenirs profonds, ils provoquent en moi des sentiments mitigés.
Decluttering our complicated relashionships with stuff (traduction) – article dépublié
Les objets liés à des passions passées (ou désirées)
Se débarrasser de choses liées à des hobbies ou passions passées (ou à des activités auxquelles on aurait voulu se mettre) est compliqué, c’est un petit deuil auquel il faut faire face.
J’ai pratiqué la danse orientale pendant une dizaine d’années. J’avais de beaux costumes, d’une certaine valeur, dont certains que j’avais ramené d’un voyage en Turquie, achetés directement chez la styliste. Que de souvenirs ! J’avais atteint un niveau en danse qui me permettait même de trouver des petits jobs rémunérés, et j’ai rencontré quelqu’un qui est devenue une amie de longue date grâce à cette passion.
Je ne vais pas cacher que ça a été très difficile pour moi de m’en séparer, et je l’ai fait progressivement, acceptant après un certain temps de me séparer d’un costume ou accessoire en plus… jusqu’au jour où j’ai pu tout laisser partir. Garder ces costumes pendant des années, c’était m’encombrer de deux grosses caisses, mais aussi nourrir des regrets et une indécision permanente (dois-je reprendre, pourquoi j’ai arrêté, etc.), et risquer que ces vêtements de valeur ne s’abîment, alors qu’ils pouvaient servir à quelqu’un qui pratique cette danse aujourd’hui.
J’ai beaucoup aimé cet article (que je t’encourage à lire complètement si tu peux lire en anglais), sinon, en voici quelques grandes lignes (ma traduction) :
“Au fil des années, j’ai découvert que les objets qui ont la plus puissante emprise sur nous ne sont pas nécessairement ceux qui nous utilisons régulièrement et aisément, mais les objets que nous espérerions utiliser plus.
Ces hauts talons laqués que nous ne faisons jamais sortir du placard, parce qu’ils sont trop impraticables pour être vraiment portés. Ce vélo qui rouille dans la cave. Ou dans mon cas, l’appareil photo de pointe que je viens de vendre sur eBay.
L’idée de capturer le monde à travers une lentille et d’exprimer ma créativité m’enthousiasmais. J’aimais la vision de moi-même que j’imaginais : quelqu’un avec un œil pour le détail, original, de l’art fait main sur les murs. Cette personne semblait vraiment intelligente et intéressante.
Mais j’ai vite réalisé que le processus même de prendre des photos, ne parlons même pas de l’édition, était moins excitante. A chaque fois que je regardais mon appareil photo, la culpabilité me rongeait. Pour l’argent et le potentiel gaspillés.
Finalement cet hiver, j’ai accepté la vérité, je ne suis pas un photographe. Et ce n’est pas grave.
J’ai revendu l’appareil et je me suis senti mieux instantanément.”
How our unused stuff keeps us emotionally stuck (en anglais)
Ok, mais pourquoi il faut désencombrer ses objets sentimentaux et souvenirs ? (Et comment…?)
Au-delà des raisons habituelles pour désencombrer tout type d’objet (il faut les entretenir, les ranger, les stockers…), trier et se débarrasser de ce type d’objet peut régler d’autres problèmes :
- À force de vivre dans le passé, on s’accroche à des choses qui n’existent plus et auxquelles on n’a plus accès, ce qui engendre parfois mélancholie, tristesse, apitoiement… On s’interdit ainsi de créer de nouveaux bons moments !
- Ces objets ont parfois beaucoup moins de valeur que ce qu’on pense, on les garde parce qu’on a l’impression qu’il le faut, c’est une tradition ou une habitude qu’on a héritée d’autres personnes.
- Ils peuvent parfois causer de la frustration ou de la culpabilité, voire semer le doute dans notre esprit et ce qu’on veut, comme on l’a vu avec les objets liés à d’anciens loisirs et centres d’intérêt.
Alors, comment on fait pour savoir s’il s’agit de « bons souvenirs » ?
- On prendre l’objet ou on feuillette l’album photo, et on observe honnêtement nos sentiments : est-ce que ça nous fait vraiment quelque chose ?
- On se débarrasse sans honte de tout ce qu’on a reçu et qui ne nous convient pas. Si vous ne voulez pas froisser la personne, et qu’elle risque de s’en rendre compte, parlez-en ouvertement pour expliquer vos raisons. Oui, ça passera peut-être difficilement au début, mais si votre relation a vraiment de la valeur, ça ne sera que bénéfique.
- Prenez en compte votre espace disponible et l’entretien que requièrent ces objets, en toute franchise, pour savoir ce que vous pouvez vous permettre de garder, et ce qui vous apporte plus de bonheur que de pénibilité.
Demandez-vous ce que vous rappelle cette photo ? Était-ce un beau moment ? Y a-t-il des gens que vous ne côtoyez plus ou qui ont perdu une certaine importance pour vous ? Traces magazine (article dépublié)
Que faire des objets sentimentaux et des photos ?

Le conseil que l’on donne souvent pour aider les gens à désencombrer les objets souvenirs, c’est d’y consacrer une et une seule boîte afin de limiter leur nombre. S’il s’agit d’un premier pas efficace, je trouve personnellement que c’est triste d’enfermer des objets auxquels on dit tant tenir… alors au contraire je vous conseille de faire vivre ces objets dans votre maison !
Sélectionnez uniquement vos photos préférées, mais encadrez-les. Mettez vos souvenirs en valeur en les exposant chez vous. Réalisez un joli cadre ou un livre pour les organiser. Vous réussirez ainsi à choisir uniquement ceux qui comptent vraiment et que vous aimez le plus. Et ils vous seront utiles !
En effet, enfermés dans une boîte, ils ne vous apportent du bonheur que lorsque vous pensez à ouvrir la boîte en question. Mais mis en valeur chez vous, vous en profitez tous les jours et ils distillent un peu de joie en vous à chaque fois que vous les voyez ! De plus, cette technique permet assez facilement de limiter leur nombre, puisque vos surfaces seraient vite encombrées si vous aviez trop d’objets à exposer et de photos à encadrer.
Pour tout ce dont vous décidez de vous débarrasser, par manque de place principalement, ou parce que l’objet ne vous sert plus, prenez-en une photo si vous avez peur qu’il vous manque.

Merci pour cet article intéressant!
J’arrive doucement à me débarrasser de souvenirs d’enfance (ça m’est venu un soir, comme ça: « tiens en fait ce truc, je ne le veux plus ») et je garde quelques souvenirs de famille en guise de décoration: les photos de mes grands-parents et des jolies tasses à thé de grand mère, des pierres qui proviennent de lieux de vacances…
C’est mon objectif principal dans ma nouvelle maison: enlever la déco sans lien affectif pour pouvoir utiliser les objets sentimentaux à la place <3