Sauver pour plus tard les épisodes de podcast qu’on n’a pas le temps d’écouter tout de suite, enregistrer tout un tas de séries en streaming à regarder plus tard, ajouter des dizaines de titres de livres à une liste de lecture… Autant de gestes qui sont devenus anodins aujourd’hui. L’offre de contenu en ligne n’arrête pas d’augmenter, tout comme le nombre de recommandations qui apparaissent sur nos écrans. Le problème, c’est qu’on ne trouve jamais le temps de plonger dans ces listes… et encore moins d’en venir à bout !

L’étendue du choix qui s’offre à nous se transforme en charge mentale supplémentaire. Alors qu’on peut ressentir une certaine culpabilité, ou une pression, face à ces listes de médias qu’on avait gardés pour plus tard, on a parfois du mal à choisir un titre parmi tous ceux qui y figurent. (Comme pour la garde-robe : plus elle est remplie, plus c’est difficile de choisir une tenue.)

Pourquoi a-t-on tendance à sauvegarder autant de livres, films, podcasts, émissions, séries, articles… pour plus tard, alors qu’on n’arrive même pas à écouter tout ce qu’on a déjà en attente ? Comment reprendre plaisir à consommer moins de médias, mais mieux ? Comment diminuer le nombre de recommandations qui sont poussées vers nous et organiser ses listes ? Voici quelques pistes basées sur mon expérience.

FOMO, la peur de rater quelque chose

Avant de plonger dans les solutions, commençons par mettre le doigt sur ce qui nous pousse à accumuler autant de choses sur nos listes de médias. Le premier phénomène à pointer est le FOMO (fear of missing out), la peur de rater quelque chose.

Cette peur peut se manifester quand on n’ose pas refuser une sortie ou une activité, alors qu’on a cruellement besoin de temps pour soi, quand on n’arrive pas à décrocher des réseaux sociaux de peur de manquer une information cruciale ou un événement auquel il faut absolument participer, ou encore quand on se rend compte qu’on n’a pas écouté les cinquante derniers épisodes de podcast de nos abonnements Spotify et qu’on remplit frénétiquement sa liste d’épisodes à rattraper plus tard.

Pour l’anecdote, un contre-mouvement, le JOMO (joy of missing out, ou la joie de rater des choses), invite à se réjouir de ne pas être partout à la fois, de trouver du plaisir dans le fait de « manquer » certaines choses, de se déconnecter volontairement des réseaux sociaux et autres médias envahissants. En tant qu’adepte du désencombrement du mental, j’adhère !

J’ai pas le temps, j’ai pas le temps ! Donc je le ferai plus tard. Peut-être.

L’autre gros problème, c’est le manque de temps disponible à consacrer à nos loisirs. Attention, le temps disponible pour ces activités n’est pas égal au temps total d’une journée dont on soustrait le temps occupé par le travail, les trajets et les corvées. On a également besoin de temps à ne rien faire. Et on n’a pas toujours l’énergie nécessaire pendant notre temps libre pour se plonger dans un podcast ou la lecture d’un livre.

Il existe plusieurs solutions pour réussir à balancer son temps libre et ses loisirs :

Diminuer le nombre de choses qu’on veut lire, écouter, regarder.

Quand je donne des conseils en désencombrement, j’insiste sur le fait qu’il ne faut pas posséder plus que ce qu’on est capable de stocker, ni acheter plus que ce pour quoi on est capable de payer. Pour les médias, c’est pareil. Nos maisons ne sont pas extensibles, nos journées non plus. Généralement, les gens n’aiment pas entendre ce conseil, pourtant, c’est le conseil minimaliste qui devrait précéder tous les autres. Rares sont les personnes qui aiment faire des choix, pourtant, c’est nécessaire.

Augmenter son temps disponible.

C’est la solution idéale évidemment, cependant c’est la plus compliquée à mettre en place. Quand notre temps libre (temps disponible et où on bénéficie de suffisamment d’énergie) est occupé par différents types d’activités, et qu’on parvient à les identifier, on peut en remplacer certaines. Par exemple, si tu sais que tu passes environ une heure par jour à scroller sur les réseaux sociaux, tu pourrais échanger ce temps contre une heure de lecture. Mais si les autres activités qui occupent ton temps libre te sont aussi agréables, tu te retrouves de nouveau face à un choix à faire.

Si les activités qui t’empêchent de t’épanouir dans tes loisirs sont des corvées (entretien de la maison, conduire les enfants à leurs activités, faire les courses…), tu peux les déléguer à quelqu’un d’autre, une personne du ménage ou une personne que tu paies pour cela. Si c’est ton travail qui accapare ton temps et ton énergie, tu peux diminuer ton temps de travail.

Trouver un équilibre

Finalement, qu’il s’agisse de limiter la liste de choses qu’on veut consommer, ou d’augmenter son temps disponible, rien n’est simple. Ça demandera du temps, pour se mettre en place, mais aussi des choix. La solution parfaite n’existe pas, certaines personnes pourront facilement retrouver du temps pour ces activités, d’autres parviendront à faire un gros tri dans leurs abonnements, mais pour la plupart des gens, la solution sera un compromis entre les deux solutions.

Pour être tout à fait transparente, je suis parvenue à faire un gros tri dans les médias que je suivais et les listes de choses à consommer plus tard (solution 1) quand j’ai pu prendre une pause dans ma carrière (solution 2) et retrouver le temps de me poser, de réfléchir à mes envies et besoins, et que mon stress a diminué.

Avant ça, l’accumulation des tensions, le fait d’avoir la tête dans le guidon tout le temps, avait créé un genre de fil d’attente infinie dans ma tête qui m’empêchait d’organiser mes idées et de me concentrer sur mes besoins. Donc, en plus des deux premières solutions, n’oublie pas de prendre soin de toi et de refaire le point avec toi-même régulièrement. Un esprit clair t’aide à discerner ce que tu as vraiment envie de lire, regarder ou écouter, et à diminuer ta peur de manquer (d’informations, d’objets, d’argent…).

Trop de choix, tue le choix !

Avant de plonger dans les solutions, j’insiste pour que tu fasses le point sur les problèmes qu’entraînent ces listes éternelles. Si tu es ici, c’est que tu as déjà une petite idée sur la question. Pour moi, le pire, c’est que face à cette longue liste, j’ai vraiment du mal à faire un choix. Quand je trouve enfin le temps et la motivation de m’y mettre, je perds du temps à choisir parmi tout ce qui est dans ma liste.

L’autre problème, c’est que je dois accepter de ne pas pouvoir tout voir, lire ou écouter, même si c’est frustrant ! Évidemment que tous ces épisodes m’intéressent, mais quand il s’agit de podcasts, par exemple, je dois me rendre à l’évidence : je n’arrive pas à enchaîner des heures d’écoute attentive ! Il en va de même pour tous les autres types de médias.

Du coup, troisième problème : ça me met la pression, j’ai l’impression d’échouer à une tâche dans ma to-do list (tiens, voilà encore une liste dont il faut se séparer !). Je sais que ces listes existent, et je finis par me dire qu’il faut que je lise tous ces livres, que j’écoute tous ces podcasts, que je rattrape ces séries…

Et toi, qu’est-ce qui t’a amené·e ici ?

Désencombrer ses listes

Commençons à découvrir des pistes pour éviter de se retrouver à nouveau avec des listes de contenu interminables, qui nous épuisent et nous mettent la pression au lieu de nous détendre. La première étape, c’est de s’occuper des listes actuelles et de les purger.

Personnellement, je passe parfois par des phrases où j’ai envie de tout désencombrer, trier, ranger, donner… Parfois, je dirige cette énergie vers mes armoires et étagères, et parfois je m’attaque à mes listes de choses à regarder, écouter ou lire plus tard. Dans ces moments-là, je suis assez critique et j’ai la suppression facile. Je n’ai aucun remords à supprimer des dizaines et des dizaines de titres de mes listes, voire parfois d’effacer des listes complètes.

Si tu n’expérimentes pas ce genre d’épisodes au fil du mois, il va falloir trouver d’autres moyens de te motiver. Une chose qui fonctionne bien pour certaines personnes, c’est de se donner des objectifs chiffrés. Par exemple, si tu sais que tu es capable d’écouter 5 épisodes de podcast par semaine, réduis ta liste pour ne garder que les 5 épisodes qui te tentent le plus dans ta liste. Si tu lis 3 livres par mois, nettoie ta liste pour ne garder que les 3 livres que tu tiens absolument à lire.

Le pire serait de se forcer à faire un marathon d’écoute de podcasts ou de lecture du livres ou de visionnage de séries/films juste pour vider ta liste : ça va te frustrer, tu ne vas pas passer un bon moment, c’est contre-productif… L’objectif, c’est « Moins, mais mieux » !

D’ailleurs, pour être moins tenté·e de remplir tes listes, fais aussi un gros tri dans les comptes auxquels tu es abonné·e (pour les podcasts par exemple, ou si tu suis des comptes sur les réseaux sociaux qui font la promotion de médias). En regardant ta liste de comptes suivis, tu verras peut-être directement quels sont ceux qui partagent des choses que tu apprécies vraiment et que tu consommes toujours avec plaisir, et celles dont les médias ou recommandations te déçoivent régulièrement.

Éviter les listes « à … plus tard » autant que possible

Maintenant qu’on a bien nettoyé ses listes… on va essayer d’éviter de continuer à les utiliser ! Il y a deux cas de figure principaux que j’aimerais développer : les listes de « médias uniques » (films et séries sur les services de streaming, livres…), et les listes d’épisodes (podcasts, articles de blogs, chaînes Youtube…).

Les médias a parution unique (films, séries, livres…)

Dans le cas des listes de films, séries, et livres (des médias qui paraissent une seule fois), ces listes restent utiles. Cependant, le but, c’est de garder des listes les plus courtes possibles. Là aussi, si ça marche pour toi, décide d’une limite chiffrée à ne pas dépasser pour ta liste. Si tu l’atteins, interdiction d’ajouter de nouveaux titres, il faut d’abord consommer ce qu’il y a dans ta liste, ou supprimer des choses. L’objectif, c’est d’éviter de garder des choses dans cette liste sur le long terme (nos goûts et envies changent).

Ce que je remarque souvent avec les livres, c’est qu’en lisant le résumé plusieurs semaines ou mois plus tard, je ne suis plus autant excitée à l’idée de les lire (c’est pour ça que je n’achète pas à l’avance !), le tri se fait alors de lui-même. Mon astuce pour faire le tri dans les livres, c’est d’aller lire un extrait sur un site qui vend des ebooks (sur Amazon par exemple). Après quelques pages, je me rends généralement compte si ça va me plaire ou pas.

Les médias à épisodes (podcasts, chaînes Youtube, blogs…)

Pour les médias dont de nouveaux épisodes sont disponibles régulièrement, j’ai décidé d’arrêter les listes « à écouter / regarder / lire plus tard ». D’une part, les épisodes sont beaucoup trop nombreux, j’ai dû accepter que je ne pourrais pas tous les écouter ou regarder. D’autre part, il suffit de regarder mes abonnements et de piocher dedans quand j’ai le temps et l’envie d’écouter quelque chose.

Pour les podcasts Spotify, sur la version mobile, j’utilise la playlist automatique des nouveaux épisodes (je n’ai pas trouvé l’équivalent sur la version PC). Avant, je regardais régulièrement les nouveaux épisodes parus, et j’ajoutais ceux qui me tentaient à ma liste à écouter plus tard. Maintenant, je fais le contraire. Seulement quand je suis sur le point d’écouter quelque chose, je pioche directement dans les nouveaux épisodes. Si, au passage, je vois des épisodes qui ne m’intéressent pas, je les marque comme « écoutés » pour qu’ils n’apparaissent plus (ça allège un peu la liste).

L'image montre le dossier "Nouveaux épisodes" de l'application mobile Spotify. Le bouton "Marquer comme écouté" est entouré.
Capture d’écran de l’application mobile Spotify (mars 2025)

Pour Youtube, c’est assez similaire. Au lieu de créer des playlists ou d’enregistrer énormément de choses dans mes épisodes à regarder plus tard, j’ai fait un gros tri dans mes abonnements. J’ai aussi fait la distinction entre ce que je veux regarder sur la TV, et ce que je regarde sur mon ordinateur. Je me suis désabonnée des chaînes que je regarde uniquement sur mon ordinateur, et j’ai enregistré ces chaînes dans un lecteur de flux RSS (Feeder).

Ce que ça change ? Je peux piocher plus facilement dans le contenu que je regarde sur TV (directement dans la liste de mes abonnements). Concernant les vidéos que je regarde sur PC, il s’agit principalement de contenu éducatif. J’ouvre Feeder uniquement quand j’ai envie et le temps d’apprendre.

De cette manière, je ne suis pas « polluée » par du contenu que je ne veux pas regarder à ce moment-là (je ne suis donc pas tentée d’enregistrer ces épisodes dans ma liste pour plus tard, de peur d’oublier), je n’ai pas peur de rater des choses, et je ne dois plus gérer des listes de choses à regarder plus tard selon le contexte. Je m’aide de l’indicateur pour savoir si j’ai déjà regardé une vidéo ou pas. Malheureusement, Youtube ne propose pas d’option pour cacher les vidéos déjà regardées.

L'image montre une capture d'écran du site Youtube, la page Abonnements. La barre qui permet de voir si la vidéo a déjà été lue est entourée sur plusieurs vidéos.
Capture d’écran du site Youtube, page Abonnements

Feeder pour les blogs, newsletters, fils de discussion, chaînes Youtube…

Quand j’ai décidé de faire le nettoyage de mes listes de médias à regarder, écouter ou lire, j’ai aussi essayé de faire le ménage dans d’autres sources de contenu, comme les newsletters, les blogs, les groupes Reddit… C’est comme ça que je suis tombée sur Feeder, dont la version perso est gratuite. Il existe également une extension pour navigateur qui permet d’ajouter directement du contenu depuis un site compatible.

Sur Feeder, on peut ajouter du contenu :

  • de newsletters (et oui, au lieu d’arriver dans notre boîte mail, elles sont disponibles dans Feeder directement),
  • de Reddit,
  • de Youtube,
  • de Substack,
  • de blogs avec flux RSS (la majorité des blogs),
  • de Mastodon.

Certes, ça reste une liste de « choses à consommer », qu’est-ce que ça change au fond ? Pour moi, le gros avantage ici, c’est que Feeder est un « à-côté ». Le contenu n’est pas mélangé avec d’autres contenus que je dois activement surveiller (par exemple, ma boîte mail dans laquelle je peux recevoir des factures ou d’autres communications officielles importantes).

En ne suivant pas ces comptes directement via les réseaux sociaux ou des newsletters, le contenu n’est pas poussé vers moi : c’est moi qui prend l’initiative d’aller le consommer quand j’en ai envie.

Si dans quelques mois je me rends compte que je n’y vais jamais, c’est que je n’avais pas besoin de consulter ces médias en premier lieu, ce sera d’autant plus facile de supprimer mes abonnements.

Il existe d’autres services tels que Feeder, si tu veux comparer cherche « Lecteur flux RSS » ou « RSS feed reader ».

Les mauvaises idées pour résoudre le problème

  • Consommer plusieurs médias à la fois (écouter un podcast en lisant un livre, regarder deux vidéos en même temps…). Notre attention n’est pas divisible. Quel est l’intérêt de se forcer à consommer autant de choses si on n’en a pas le temps, surtout si en fin de compte on n’a pas fait attention à ce qu’on lisait, écoutait ou regardait ?
    À la limite, tu peux combiner une activité non mentale (ex : vélo d’appartement) avec une activité qui demande de l’attention (ex : écouter un podcast).
  • Aller se coucher plus tard pour étendre sa journée. Très mauvaise idée pour la santé. De plus, il est probable que tu es moins attentif·ve pendant les heures où tu est censé·e dormir.
  • Se forcer à consommer ces épisodes et autres médias alors que tu n’en as pas du tout envie. Ça ne sert à rien d’essayer de lire quand tes yeux piquent de fatigue, ou d’écouter un podcast alors que tu es en rogne. Puis, je le répète, on a aussi besoin de temps à rien faire, c’est comme ça que nos cerveau fait le ménage (processus nécessaire pour la mémoire, entre autres).

Pour résumer : Comment diminuer ses listes de choses à lire, regarder ou écouter plus tard

  1. Réfléchir au temps effectivement disponible pour ces activités
  2. Organiser son temps pour intégrer ces activités, quand c’est possible
  3. Accepter qu’on n’a pas le temps de tout consommer et qu’il va falloir faire des choix
  4. Faire un gros tri pour désencombrer ses listes
  5. Prendre de nouvelles habitudes pour éviter d’utiliser ces listes ou pour qu’elles restent assez courtes (s’imposer des limites par exemple)
  6. Passer de l’information « poussée vers soi » à l’information « qu’on va chercher soi-même » pour tout ce qui n’est pas vital
  7. Refaire un état des lieux régulièrement (temps disponible vs médias qu’on souhaite consommer, état des listes et abonnements, organisation…)

Les liens partagés dans cet article et des ressources supplémentaires

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  • Feeder (lecteur de flux RSS, newsletters, Youtube… gratuit en version perso)
  • RSS feed reader (extension Chrome pour Feeder)
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